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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 18:16

 

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Le web compte une myriade de sites et de forums dédiés au bodybuilding plus ou moins intéressants. On peut citer parmi eux de nombreux sites français tels que Musculaction.com, Akelys.com, All-Musculation.com ou bien encore Planetemuscle.com. Ces derniers sont certainement les plus intéressants concernant ce qui se fait dans l’hexagone.[1] Toutefois, ces sites s’adressent particulièrement aux débutants et ne sont pas aussi développés que leurs homologues professionnels situés à l’étranger. Originaires des Etats-Unis, Bodybuilding.com (certainement LA référence) ou bien Muscular Development et Iron Man (les sites des célèbres revues américaines), pour ne citer que les principaux, permettent notamment de suivre l’actualité du bodybuilding comme on suivrait l’actualité du football sur l’Equipe.fr ou Football.fr. Rien de tel en France pour la raison évidente que le public français concerné par le bodybuilding est bien plus réduit que celui des Etats-Unis. Mais le pays de l’Oncle Sam n’est pas le seul à proposer des sites d’une telle qualité. En Europe on en trouve également. Parmi eux j’ai choisi de braquer les projecteurs sur un site tchèque intitulé Ronnie.cz. Pourquoi un site tchèque, me demanderez-vous, alors que les Français maîtrisant la langue tchèque doivent se compter sur les doigts d’une main ? Et bien outre le fait que ses auteurs ont eu la gentillesse et l’extrême bon goût d’y publier une traduction de mon article sur Muscle Beach[2], on trouve sur ce site, une iconographie particulièrement riche concernant le monde du bodybuilding et une vidéothèque à faire pâlir la cinémathèque et l’INA réunis. Rien que cela, fait de Ronnie.cz, une mine d’or pour tout passionné de bodybuilding à la recherche d’informations, de divertissement et de motivation. Pour une raison évidente je ne pourrais vous vanter la qualité des articles qui y sont publiés, mais sachant qu’il s’agit du site dédié aux sports de force le plus fréquenté de République Tchèque (231 804 lecteurs uniques pour le mois de juin 2011 par exemple, pour 3 569 338 pages consultées !), on peut facilement imaginer qu’il s’agit d’un site sérieux qui tient lieu de référence.

 

Ronnie.cz a été fondé en 2001 par un étudiant tchèque en microélectronique du nom de Martin Jebas. A l’origine intitulé Ronnie’s World, il a par la suite pris le nom de Ronnie tout court. Les articles qui y sont publiés, sont consacrés essentiellement au bodybuilding et au fitness mais pas seulement.

 

Dans la rubrique "Culturisme" (Kulturistika), les lecteurs peuvent lire l’actualité sur des sportives et sportifs professionnels, avoir des informations sur les compétitions nationales et internationales, rechercher les résultats de ces compétitions, trouver des reportages, des photos et vidéos ainsi que des entretiens avec des personnalités du fitness ou du bodybuilding. Les adeptes de la musculation peuvent y recueillir de multiples informations sur les techniques d’entraînement, sur l’alimentation ou les suppléments.

Il existe également une rubrique "Powerlifting" qui, comme son nom l’indique, concerne la discipline de la force athlétique mais aussi des sports de force en général (Strongman) et des sports de combats.

La rubrique "Médecine" (Medicina) regroupe les articles spécialisés en anatomie humaine, en biomécanique et en médecine sportive.

Enfin, la dernière rubrique est peut-être celle qui, en tant que non initiés à la langue tchèque, nous intéresse le plus puisqu’il s’agit de la rubrique intitulée "On-line TV" où l’on peut trouver une quantité phénoménale de vidéos sur plusieurs sports et essentiellement sur le bodybuilding, le fitness et le powerlifting. Regroupées en catégories selon la discipline sportive, ces vidéos vont de la simple interview de quelques minutes aux documentaires de plus d’une heure. Concernant ces derniers, notons qu’on peut par exemple y visionner, dans leur intégralité, les documentaires mythiques tels que Lou Ferrigno-Stand Tall ou Dorian Yates-Blood and Guts, pour ne citer que les plus fameux. La rubrique compte également des dizaines de vidéos d’entraînement de champions plus ou moins célèbres, particulièrement motivantes !

Sur Ronnie.cz, l’humour n’est pas absent puisqu’on peut aussi y lire des articles plus « légers », des blagues illustrées ou bien encore un résumé humoristique mensuel de ce qui s’est passé dans le monde du bodybuilding ou dans d’autres sports.

Comme dans beaucoup d’autres sites à caractère informatif, Ronnie.cz comporte une partie Forum où les lecteurs enregistrés peuvent échanger leurs expériences et leurs opinions sur les sports de force en général.

 

Pour terminer cette présentation, notons que la rédaction de Ronnie.cz est étroitement liée à l’association tchèque qui organise les compétitions de culturisme et de fitness dans le pays ainsi qu’à l’école de formation des entraîneurs tchèques de bodybuilding et de bodyfitness.

Je vous recommande donc d’aller jeter un œil sur ce site de référence dont voici le lien: http://www.ronnie.cz/

 

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[1] Il en existe beaucoup d’autres mais j’éviterai de parler et donc de faire la publicité à des sites-vitrines où la musculation n’est que prétexte à l’exhibition égocentrique sous couvert de "superphysique" naturel (où comment faire sa publicité de web-coacher). Suivez mon regard…

[2] A ce jour, seule une partie de l’article a été traduite et publiée sur le site. J’en profite pour remercier la traductrice Hana Drobkovà pour son professionnalisme.

 

 

 

 

 

 



 

 

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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 23:54

 

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III – Un esprit indomptable

 

En tant que culturiste antillais, Serge Nubret fut confronté au racisme et sensibilisé à la lutte contre les injustices et les inégalités, notamment envers la communauté noire. Il semble avoir eu un fort sentiment d’appartenance revendiquée à celle dernière, ceci d’autant plus qu’il séjourna plusieurs fois aux Etats-Unis, pays où, rappelons-le, dans les années 60 les noirs étaient discriminés et où, encore aujourd’hui, la question raciale domine la société. Ainsi, Serge Nubret dû faire face aux préjugés aussi bien dans la vie de tous les jours qu’en tant qu’athlète. Dans Je suis… moi et Dieu, il raconte par exemple comment les Italiens firent preuve de mépris envers lui, lors du tournage en Ethiopie (ancienne colonie italienne) du film italien Les 7 bérets rouges.[1] Il ne cessa également de dénoncer le racisme au sein du bodybuilding. Il affirmait qu’en septembre 1960, lors du Championnat du Monde IFBB, son titre d’ « Homme le plus musclé du monde » lui avait été décerné pour éviter qu’on lui attribue celui de « Champion du Monde » qui fut destiné, lui, à un athlète blanc[2]. Il n’eut de cesse, aussi, de répéter que Ben Weider était raciste, allant même jusqu’à le soupçonner d’avoir favorisé une forme d’apartheid en créant deux revues de bodybuilding distinctes, l’une consacrée aux culturistes noirs (Flex) et l’autre aux athlètes blancs (Muscle&Fitness)[3]. Cette accusation de racisme envers le dirigeant de l’IFBB fut au centre de l’affrontement  entre les deux hommes lors du fameux Mr Olympia 1975. Difficile d’en apprécier la véracité même si elle peut paraître plausible considérant le fait que Ben Weider, grand admirateur de Napoléon Bonaparte, n’était pas réputé pour ses idées libérales.

 

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Serge Nubret et Ben Weider (à sa droite) lors du Congrès de l'IFBB en 1971

 

Ainsi, Serge Nubret fut considéré comme un homme d’engagement qui n’hésitait pas à faire entendre sa voix quand quelque chose le révoltait. Esprit libre et indomptable, toute sa vie il refusa d’être manipulé, et pour cette raison, la rupture puis le duel avec l’empire des frères Weider étaient inévitables. Comme on l’a dit plus haut, le clash se produisit en 1975, lors de la compétition de Mr Olympia en Afrique du Sud. Rappelons qu’à cette époque, Serge Nubret, au sommet de sa gloire, était alors un des meilleurs culturistes du moment mais aussi le bras droit de Ben Weider, président de l’IFBB Internationale. Quand on regarde le documentaire Pumping Iron, tourné en partie lors de ce championnat, ou bien les photos montrant le sacre de Schwarzenegger entouré de Nubret, Ferrigno et Weider, on n’imagine pas que derrière les sourires d’apparat se déroulaient, en coulisses, de terribles querelles faites de coups bas entre les deux principaux dirigeants de la plus importante fédération de bodybuilding du monde. Que se passa-t-il, donc, exactement ?  Les faits, tels qu’ils sont connus, ont été essentiellement rapportés par les deux protagonistes et, bien évidemment, comme on pouvait s’y attendre, les versions divergent sensiblement[4]. Dans Brothers of Iron, l’autobiographie rédigée par Ben et Joe Weider, Ben revient sur cet épisode et voici ce qu’il explique : Quelques semaines avant le début de la compétition, il apprit que Serge Nubret avait joué dans un film pornographique[5], ce qui risquait de ternir l’image du bodybuilding dans le monde, au moment même où l’IFBB était en pourparlers avec le Comité National Olympique français pour faire reconnaître la discipline comme un sport à part entière. Particulièrement mécontent, il décida, en pleine préparation de Mr Olympia en Afrique du Sud, de réunir le conseil exécutif de l’IFBB et d’y convoquer Nubret pour qu’il s’explique. Ben Weider affirme qu’il lui aurait demandé, lors de cette réunion, la raison pour laquelle il avait fait ce film, sachant qu’il porterait préjudice au bodybuilding. Ce à quoi Nubret aurait répondu qu’il avait ainsi voulu montrer au monde entier que les culturistes étaient des hommes virils plaisant aux femmes, ce qui, au contraire, permettrait d’améliorer l’image de ce sport[6]. Face à de tels arguments, les délégués du conseil exécutif voulurent suspendre Nubret immédiatement, ce que Ben Weider, toujours selon lui, refusa, préférant lui donner une seconde chance. Il lui demanda alors de s’excuser et de promettre de ne plus jamais agir ainsi. Nubret, fidèle à lui-même, refusa de se soumettre et dès lors, explique Ben Weider, le conseil fut contraint de le suspendre de l’IFBB pour un an. Rejetant la décision du conseil, Serge Nubret organisa une soirée, que Ben Weider qualifie de « très arrosée », dans une suite de l’hôtel où il était installé. Il y invita tous les bodybuilders et les officiels non blancs, à qui il déclara que Ben Weider l’avait viré parce qu’il était noir. « Ben Weider est raciste » aurait-il déclaré à ses hôtes, sans leur parler du film pornographique dans lequel il avait joué. Il leur aurait ensuite demandé de menacer Ben Weider de quitter la compétition et de rentrer chez eux s’il ne le réintégrait pas immédiatement. A la suite de quoi, il téléphona au président de l’IFBB pour lui demander de venir s’expliquer devant les autres athlètes. Ben Weider aurait accepté de les rencontrer. Notons que l’auteur insiste alors (lourdement ?) sur le fait que la plupart de ses interlocuteurs réunis dans la suite de Nubret était dans un état d’ébriété avancé. Il leur expliqua qu’il avait pris la décision d’exclure Serge Nubret non pas pour des raisons de racisme mais parce que ce dernier avait joué dans un film pornographique. A cela il aurait ajouté aux convives que s’ils voulaient quand même quitter la compétition, tout leur serait facilité pour qu’ils quittent l’Afrique du Sud et rentrent chez eux. Ben Weider termine en écrivant que, le lendemain, personne ne voulu partir, et serge Nubret vint le trouver pour lui demander de participer quand même à la compétition. Ce qu’il accepta[7].

C’est là, évidemment, la version officielle qui fut donnée et qui circula largement dans le monde du bodybuilding. Toutefois, ce n’est pas celle de Serge Nubret qui vit dans cette mise à l’écart pour cause de pornographie, un double prétexte. En réalité, selon lui, Ben Weider aurait trouvé cette excuse pour l’éliminer du concours et ce, pour deux raisons essentielles. Tout d’abord il aurait manigancé cela pour sanctionner son esprit un peu trop libre qui le conduisait à refuser obstinément d’être un pion de l’empire Weider. Voilà ce qu’il écrivait sur le forum internet de PlanèteMuscle : « Avant de créer la WABBA, j’étais le 1er vice président de la IFBB, le n°1 juste après Ben Weider qui voulait à tout prix que je vende ses produits en France et puis dans toute l’Europe afin de me contrôler, comme il fait avec tous ces présidents nationaux fantoches qui ne sont que des représentants de la firme Weider. Donc après mille refus de ma part de rentrer dans la combine, il a essayé de m’éliminer lors du concours de Mr Olympia en Afrique du Sud. Tous les pays présents ont menacé Weider si je ne pouvais participer à Mr Olympia, ils empêcheraient leurs athlètes de participer à Mr Univers qui se déroulait en même temps.[8] » Ainsi, Ben Weider aurait exclu Serge Nubret parce que ce dernier, trop indépendant, avait toujours refusé d’être son VRP. Mais la seconde raison pour laquelle le président de l’IFBB l’aurait écarté était bien plus importante aux yeux de Nubret. Il y voyait là une vaste machination mise en place par les frères Weider afin de lui faire perdre le titre de Mr Olympia et assurer la victoire de leur protégé, Arnold Schwarzenegger. Voici ce qu’il raconte dans Je suis… moi et Dieu : « J’étais donc à Pretoria pour participer au concours « M. Olympia », championnat du monde de la discipline. A peine débarqué de l’avion et arrivé en ville, je pris possession de la suite qui m’avait été réservée. Une bonne douche réparatrice plus tard, je me dirigeai, en tenue de sport – short et débardeur – vers la salle de musculation située tout près de l’hôtel. […] Ce jour-là cependant, j’ai commis une erreur d’appréciation, la salle étant truffée d’informateurs opérant pour le compte, tant de mes concurrents que des sponsors et télévisions. Aussi le bruit se répandit-il bien vite que j’étais au meilleur de ma forme et probablement imbattable lors de ce championnat. Il est vrai que, selon les termes en usage dans le milieu culturiste, j’étais à la fois «écorché et volumineux» […]  Compte tenu de l’état de mes relations avec Ben WEIDER et dans la mesure où j’avais désormais cessé d’être utile au sein de l’IFBB, il était impensable pour lui que je puisse prendre part à la compétition avec de réelles chances de succès. Je m’obstinais à refuser de représenter la marque WEIDER en Europe, préférant rester aux côtés des athlètes. En outre, si j’avais été habilement utilisé pour favoriser l’entrée de l’Afrique du Sud dans la Fédération, il s’avérait politiquement incorrect que je puisse l’emporter, en tant que compétiteur noir, dans ce pays qui avait dépensé autant d’argent au profit de l’IFBB. Enfin, le culturiste numéro 1 de l’époque, qui n’était autre qu’Arnold Schwarzenegger avait le bon goût d’être un représentant du Groupe WEIDER. J’appris plus tard que la décision avait été prise très rapidement et à mon insu bien sûr : Serge NUBRET ne devait à aucun prix être en mesure de concourir. » C’est alors, raconte Serge Nubret, que Ben Weider eut l’idée de l’accuser de pornographie. Quand le Comité exécutif pris la décision de le radier, il cessa évidemment de se préparer pour le concours. Signalons que l’explication de sa participation en définitive à Mr Olympia diffère totalement de celle de Ben Weider. Ce dernier affirmait en effet dans son livre que, se voyant isolé face au refus des autres athlètes et des officiels de le soutenir en quittant la compétition, Serge Nubret avait finalement sollicité la possibilité de concourir quand même. Nubret explique pour sa part : « Ils [les présidents des fédérations nationales] menacèrent donc de boycotter purement et simplement la compétition, retirant leurs athlètes si ma radiation était confirmée. […]Pour l’Afrique du Sud, cette situation était évidemment catastrophique : après avoir déployé tant d’efforts diplomatiques et dépensé tant d’argent pour obtenir l’organisation de cette prestigieuse compétition, il était impensable, inenvisageable qu’elle puisse être annulée. L’enjeu était trop important. S’il devait céder sans perdre la face il restait à Ben WEIDER, stratège diabolique, à choisir la manière et le moment. La veille de la date prévue pour la compétition, Ben WEIDER déclara publiquement : « Serge NUBRET n’est plus radié. Il est autorisé à participer au Championnat ». Entre temps, Nubret avait cessé de s’entraîner. La dizaine de jours sans entraînement lui valu de perdre près de 6kg de muscles. Une fois sur le podium, il ne put plus rivaliser avec Arnold et perdit le titre de Mr Olympia. Voilà comment Serge Nubret explique sa défaite de 1975 et la rupture définitive qui s’en suivit avec les frères Weider.

 

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Les sourires de façade lors du Mr Olympia 75

 

A ces deux versions des faits avancées par les deux principaux protagonistes,  s’ajoute une troisième, développée par différents observateurs, et plutôt défavorable à Nubret. Rick Wayne notamment, en fait part dans son livre Muscle War, écrit en 1985. Il y explique que la décision d’écarter Serge Nubret fut décidée par les frères Weider car le culturiste français cherchait à prendre la place de Ben Weider. Evidemment, cette information est à prendre avec beaucoup de précaution sachant que Rick Wayne, bodybuilder professionnel fut un proche de l’empire Weider et qu’il participa notamment à la rédaction du magazine de Joe Weider, Flex. Elle n’est, toutefois pas improbable connaissant Serge Nubret et son goût pour le pouvoir et la reconnaissance. Elle devient même acceptable quand on sait que l’année suivant la rupture, il créa la WABBA, un peu comme si pour se consoler, il s’était offert le poste de président de fédération qu’on lui avait refusé à l’IFBB. Mais ce ne sont là que supputations. Alors que les deux hommes ont maintenant disparu, probablement nul ne sait vraiment quelles furent les raisons exactes de leur affrontement. Pour connaître la vérité, peut-être faudrait-il garder un peu des trois versions proposées. En définitive, ce qui semble certain c’est que cette lutte sans pitié fut la conséquence d’un antagonisme d’intérêts entre deux hommes à l’ambition démesurée.

3.jpgQuoi qu’il en soit, bien des années après l’affaire de 1975, le conflit entre les deux hommes continua. En tant que président de la WABBA, Nubret était vu comme un concurrent par les frères Weider. Ils n’hésitèrent pas notamment à débaucher des athlètes affiliés à la WABBA pour les intégrer à l’IFBB. Ce fut le cas par exemple d’Edouard Kawak qui rejoignit la fédération de Ben Weider avant de réintégrer finalement la WABBA quelques années après. De cette opposition Serge Nubret gardait une haine féroce contre les Weider et surtout envers Ben dont il écrivait : « C’est un homme horrible, sans aucun scrupule »[9]. Il expliquait dans son autobiographie comment ce dernier l’avait empêché d’assister à une compétition de l’« Arnold Classic » organisée par Arnold Schwarzenegger, qui l’avait personnellement invité, en lui demandant au préalable de se détacher de la WABBA.[10] Il l’accusait de truquer Olympia et de faire gagner uniquement les athlètes qui acceptent de faire la promotion de l’empire Weider.[11] Ainsi remettait-il en cause les victoires d’Arnold Schwarzenegger, pour lequel il gardait une certaine estime, mais qu’il savait aussi juger sévèrement.[12] A Joe Weider, il reprochait de  prétendre à la paternité d’une soi-disant méthode qui n’était qu’une compilation de pratiques d’entraînement mises au point, au fil du temps, par plusieurs générations de culturistes. Il raillait celui qui se présentait comme l’entraîneur des plus grands, alors que lui-même avait un physique ridicule et qu’au seul concours de bodybuilding auquel il participa, il termina bon dernier. Dans sa nouvelle autobiographie qu’il s’apprêtait à écrire, il promettait de dénoncer tout ce qu’il savait sur les frères Weider : « Dans mon deuxième livre autobiographique, que je suis en train d’écrire, je dénonce tout… mais tout… Il faut que les gens sachent où ils mettent les pieds[13] Cette haine et cette rancœur qui, quarante ans après, était toujours aussi vivace, pouvait le conduire à tenir des propos qu’on pourrait qualifier de « paranoïaques ». Il faisait part notamment de sa crainte de retourner un jour aux Etats-Unis où il ne serait pas à l’abri d’un mauvais coup du clan Weider. Sur PlanèteMuscle il tint ces paroles étonnantes (délirantes ?) : « La seule chose qu'ils peuvent me faire c'est si jamais je me rendais en Amérique, c'est de mettre des produits interdits dans mes valises afin de me compromettre, c'est pour cela que j'avais dit, il y a quelque temps sur le topic, que peut-être je n'irai jamais plus aux Etats Unis, sauf si madame Clinton devenait Présidente. [14]» Il développait ainsi une curieuse théorie du complot au centre de laquelle il se plaçait dans le rôle de la victime et se muait en quelque sorte en homme qui en savait trop.[15] On peut aisément comprendre son attitude – hormis évidemment sa paranoïa - envers les frères Weider, connaissant l’ambition prédatrice de ces derniers. Toutefois, certains témoignages viennent ternir l’image de celui qui se présentait comme le premier opposant à l’Empire Weider et aux magouilles de ses deux dirigeants. En effet, si Nubret ne cessa de critiquer Ben et Joe dans leur manière de gérer l’IFBB, John D. Fair explique dans Muscletown USA, que le président de la WABBA ne se différencia guère dans la façon de diriger sa propre fédération. Lui aussi se serait comporté en manipulateur et aurait utilisé la WABBA à ses propres fins. Voici ce qu’écrit exactement John D. Fair : « Though Heidestam was made president of WABBA, he resented Nubret’s control over it. A break in their alliance occurred at the WABBA’s 1983 World Championship in Swizerland. It was a “scandal”, Heidenstam alleged, how the competition “was dominated by Serge Nubret and his wife”. Using “the worst tricks of Waider, Nubret had manipulated a victory for himself in the professional class. Likewise the meeting of national delegates was a “farce”, spent mostly haggling over money”. »[16] Là encore, ce témoignage rapporté d’Oscar Heidenstam est à prendre avec beaucoup de précautions, mais il n’en reste pas moins que l’image du chevalier blanc qu’aimait arborer Serge Nubret y est, une fois de plus, passablement écornée. Ainsi on peut se poser la question suivante: Nubret, le défenseur de la cause des noirs, l’avocat des athlètes, le pourfendeur du système mafieux des Weider, ne roulait-il pas avant tout pour lui-même ? Tout n’est pas aussi simple. Certainement, dirons-nous, qu’en voulant défendre ses propres intérêts et poussé par une ambition dévorante il se heurta à un monde du bodybuilding, verrouillé par les préjugés et surtout par la mainmise du clan Weider. Dans la lutte sans merci qu’il allait devoir mener pour avoir une part du gâteau, il ne fit que mettre en exergue les aspects les plus négatifs, et pourtant bien réels, d’un monde du bodybuilding professionnel gangréné par la soif de pouvoir et d’argent.

 

Conclusion

Serge Nubret fut donc un personnage à multiples facettes, que, loin des portraits hagiographiques qu’on a pu en faire (surtout depuis sa mort) j’ai voulu dépeindre ici. Athlète flamboyant au parcours sportif exemplaire, il révéla une part de lui-même parfois contestable, ou du moins irritante. Son attitude hypocrite envers l’usage des anabolisants notamment peut être critiquable quand d’autres, de sa génération, avaient depuis longtemps avoué en avoir utilisé. D’autant que les arguments avancés pour prouver qu’il ne se dopa jamais pouvaient prêter à sourire. On me rétorquera qu’il ne fit qu’adopter l’attitude largement partagées dans le milieu du bodybuilding au sujet des stéroïdes consistant à nier envers et contre tout. Soit. Dérangeant fut également Serge Nubret quand il se plaisait à revêtir l’habit du penseur mystique, enfilant les « perles » de la philosophie de comptoir. Tout aussi agaçant fut son ego surdimensionné qui le poussait parfois à un manque total de modestie et qui explique en partie sa relation tendue avec Ben Weider et Arnold Schwarzenegger. Ce trop plein d’orgueil le conduisit parfois à faire preuve d’un sentiment de supériorité mal placé.[17] Là encore, on me répondra, et j’en conviens, qu’il devait être difficile de garder la tête froide quand on était capable d’aligner un tel palmarès et que l’on possédait un corps de Dieu grec. Finalement, le manque de modestie et la surestimation de soi ne sont-elles pas les choses les mieux partagées dans l’univers du culturisme ? Peut-être. Mais que dire de son ressentiment envers les Weider et le « chêne autrichien » ? On peut comprendre qu’il leur en ait voulu de s’être ligués contre lui pour mieux assoir leur pouvoir sur le monde du muscle. Mais à la lecture de son livre ou de ses interventions sur internet on a parfois le sentiment que la jalousie l’animait plus encore que la rancœur. Du moins, son affrontement avec le dirigeant de l’IFBB ne fut pas exempt d’arrière-pensées, elles mêmes inspirées par une ambition débordante. Une ambition telle, qu’elle le conduisit, semble-t-il,  à adopter parfois les mêmes méthodes qu’il avait cru déceler et si bien critiquer chez ses adversaires américains.

Mais de ce portrait de Serge Nubret, entaché de défauts somme toute bénins, et dont je ne pouvais taire la description au risque de me faire, moi aussi, l’hagiographe inutile, je préfère retenir l’immense culturiste à la plastique incroyable et à la ligne parfaite. L’athlète exceptionnel au palmarès époustouflant : 6 fois champion du monde et 4 fois finaliste à Mr Olympia. L’homme au grand cœur qui, sans cesse, en salle ou sur le net, prodigua avec patience, conseils et encouragements aux bodybuilders en herbe. Mais aussi le symbole d’un athlète noir qui, dans les années 60 et 70, de Paris à Pointe-à-Pitre, en passant par Saint-Denis ou Fort-de-France, fit rêver plus d’un adolescent. Grand culturiste, Serge Nubret le fut assurément jusqu’à son dernier souffle puisqu’avant de tomber dans le coma, il continuait à s’entraîner en salle régulièrement. D’ailleurs, dans Je suis… moi et Dieu n’écrivait-il pas : « J’ai la conviction, la certitude absolue d’être né culturiste. Même si, dans les faits, je le suis devenu. Et je le resterai jusqu’à ma mort ». On peut dire qu’il a tenu sa promesse. Ciao « panthère » !













Voici un lien contenant une galerie de photos et des vidéos consacrées à Serge Nubret: Ronnie.cz

 



[1] Serge Nubret, Je suis… moi et Dieu, p.76-77.

[2] Serge Nubret, Je suis… moi et Dieu, p.64.

[3] Déclarations relevées sur le forum de PlanèteMuscle en 2006. Notons que sur ce même forum, Serge Nubret fit état d’autres « preuves » du racisme de Ben Weider, citant plusieurs propos et même une lettre qu’il aurait écrite contre lui dans laquelle il s’exprimait ainsi « N'oublions pas que Serge Nubret est un noir vivant à Paris, par conséquent ne peut avoir aucune respectabilité » (Planètemuscle, 8 août 2006). Evidemment de telles accusations ne peuvent être prouvées.

[4] Aujourd’hui encore, sur certains forums internet, américains notamment, on assiste à des foires d’empoigne entre partisans de la version rapportée par Ben Weider et partisans de celle de Serge Nubret.

[5] Serge Nubret refusa toujours le terme de « pornographique ». Il expliqua qu’il s’agissait d’un fil de charme où il apparaissait à demi nu faisant l’amour à une femme. Difficile de déclarer qui dit vrai. Le film en question porte toutefois un nom assez évocateur puisqu’il s’intitule : Les ravageuses de sexe, aka Les demoiselles à péage. Réalisé par Richard Balducci, sorte de Max Pécas, il est référencé comme « comédie érotique » sur de nombreux sites internet.

[6] Dans la version racontée par Serge Nubret, ce dernier aurait rétorqué à Ben Weider qu’il avait voulu prouver que les bodybuilders n’étaient pas des homosexuels faisant allusion à l’homosexualité réelle ou supposée de son frère Joe Weider.

[7] Brothers of Iron, Ben et Joe Weider, p 222-223.

[8] Forum de PlaneteMuscle, 15 septembre 2006.

[9] Forum de PlanèteMuscle, 18 août 2006

[10] Serge Nubret, Je suis… moi et Dieu, p41.

[11] Cette accusation revient souvent dans le monde du bodybuilding et elle n’est certainement pas dénuée d’une certaine vérité.

[12] A un internaute qui lui demandait ce qu’il pensait de Schwarzenegger il répondit : « En tant que culturiste, sûrement le plus grand, il a porté beaucoup à notre sport, quoique je pense qu'il aurait encore pu apporter davantage. En tant qu'Être humain, difficile à connaitre, il profite beaucoup des amis et ne renvoie pas toujours l'ascenseur. Il est un peu comme un homme utilisant une échelle pour grimper et de peur que quelqu'un utilise la même échelle, il briserait au fur et à mesure les barreaux qu'il venait d'utiliser, au risque de dégringoler brutalement, ne pouvant pas utiliser les barreaux qu'il avait lui même brisés, à moins qu'il puisse toujours rester au sommet. En tant que politicien, il est très dangereux. » PlanèteMuscle, 4 juillet 2006

[13] PlanèteMuscle, 27 juillet 2006.

[14] PlanèteMuscle, 9 novembre 2006.

[15] Film d’Alfred Hitchcock sorti en 1956.

[16] John D. Fair, Muscletown USA : Bob Hoffman and the manly culture of York barbell, 1999, p 356.

[17] Voici ce qu’il pouvait écrire notamment dans Je suis… moi et Dieu : « Je viens de fêter mes soixante six ans sans m’être jamais battu. Je n’ai que fort peu de mérite en vérité car, triompher de mon adversaire n’aurait nullement constitué un exploit aux yeux des tiers, ma supériorité physique étant manifeste. Mais si d’aventure il m’était arrivé d’être terrassé par l’autre combattant, imaginez mon humiliation ! » Ce commentaire prend une dimension particulière quand on le confronte à l’épisode de Mr Olympia 75 et la haine de Serge Nubret contre les Weider et Schwarzenegger. Sûr de gagner cette compétition, ne fut-il pas « humilié » de se voir subtiliser le titre suprême ?

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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 09:48

 

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II – Un entraînement « démentiel » et un curieux mysticisme

 

Tout au long de sa carrière, Serge Nubret mit au point un programme d’entraînement très particulier qui fit – et fait encore – couler beaucoup d’encre. Contredisant la plupart des spécialistes de la musculation qui s’accordent à considérer que seuls les séries courtes et le travail avec des charges lourdes sont capables de bâtir un corps de bodybuilder, Nubret favorisa pour sa part les charges moyennes, voire légères, et les séries longues et nombreuses. A vrai dire, le type d’entraînement qu’il a mis sur pied n’est pas à la portée du premier venu. Mais il ne l’est pas non plus parmi les culturistes professionnels tant il est réputé comme particulièrement difficile et éprouvant. On a souvent raconté que Schwarzenegger, lui-même, l’avait qualifié d’entraînement « démentiel »[1]. Serge Nubret aimait raconter que lors de la préparation de Mr Olympia, en 1975, Lou Ferrigno lui proposa de s’entraîner avec lui et accepta de suivre son programme. Le futur Hulk, ne parvint toutefois pas à terminer la séance et souffrit, plusieurs jours après, de courbatures comme jamais il n’en avait connues.

Le programme de la « panthère noire », qui devint plus tard la « méthode Nubret » et qui connu un grand succès auprès de nombreux pratiquants de la musculation[2] (ils sont encore nombreux aujourd’hui à la suivre), était donc fondée sur un nombre de séries par exercices pouvant aller jusqu’à 10 ou 12  et des répétitions pouvant atteindre les 20 ou 30. Soit, parfois, plus de 300 répétitions pour un seul exercice musculaire ! En tout, une séance pouvait comporter 40 séries par groupes musculaires ! Concernant les abdominaux, par exemple, Serge Nubret pouvait aligner jusqu’à 1500 répétitions de sit-up. Il disait qu’il trouvait le tapis de course ou le vélo elliptique ennuyeux et qu’il leur préférait, en guise d’exercice de cardio, une bonne séance d’abdominaux en séries longues. Un tel volume d’entraînement impliquait qu’il passe 4 à 5 heures dans une salle à pousser de la fonte. En général, il fractionnait ce temps passé, en deux séances dans une même journée. A raison de 6 entraînements par semaine, il travaillait tous les groupes musculaires 3 fois chaque semaine. S’il privilégiait les charges relativement légères, condition nécessaire à l’accomplissement d’un nombre gigantesque de séries, il n’était pas dépourvu pour autant, d’une force remarquable puisque pour un poids de corps d’environ 95Kg, il parvint à un maxi de 225Kg au développé couché.

 

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On ne niera p­­as que Serge Nubret était un être exceptionnel à la génétique particulièrement favorable. On peut toutefois s’interroger sur les capacités d’un être humain à encaisser un tel entraînement sur une longue période. Plus clairement, il nous est difficile de penser que cela fut possible sans l’intervention de produits chimiques. Ce doute nous est d’autant plus permis au vu du résultat que cet entraînement « démentiel » lui permis d’obtenir ; à savoir un corps, certes harmonieux et bien proportionné, mais aux muscles hypertrophiés qu’un athlète, aussi motivé et aussi bien doté génétiquement que lui, ne pourrait atteindre en restant naturel. Nous sommes donc en droit de nous interroger sur les déclarations de Serge Nubret qui, jusqu’à la fin de sa vie, jura n’avoir jamais fait usage de produits anabolisants. Pourtant, maintes fois la question lui fut posée, notamment sur les forums internet où il fut parfois sévèrement pris à parti. A chaque fois – comme la plupart des bodybuilders professionnels d’ailleurs – il nia, allant même jusqu’à déclarer qu’à son époque les produits dopants n’existaient pas, ou du moins, qu’ils étaient inconnus des culturistes. Je ne suis pas là pour faire le procès post-mortem de Serge Nubret. Je serais de toute façon bien incapable de prouver qu’il a usé de stéroïdes. Toutefois, face à une telle mauvaise foi on peut quand même s’interroger. En effet, affirmer que dans les années 50 et 60 les culturistes n’étaient pas au courant de l’existence des produits anabolisants est faire preuve d’une grande hypocrisie. Nous savons que les stéroïdes sont apparus dans les années 30, que l’armée allemande les utilisa sur ses soldats et qu’après la guerre, les équipes olympiques soviétiques en firent largement usage, notamment parmi les haltérophiles. Nous savons aussi qu’aux Etats-Unis, le Dr John Ziegler mis au point le fameux Dianabol, dès 1956. Je veux bien croire que Serge Nubret n’ait pas eu connaissance de ces produits au tout début de sa carrière, mais j’ai du mal à croire qu’il n’en ait eu vent par la suite et qu’il n’y ait goûté, tout au long des années 60 et à fortiori entre 1970 et 1980 (période durant laquelle les anabolisants fleurissaient dans les vestiaires des salles de musculation). Arnold Schwarzenegger lui-même a depuis reconnu qu’il avait fait usage de stéroïdes. Pour atteindre un tel niveau de musculature, un tel sommet dans le circuit du bodybuilding, et participer par 4 fois à la finale de Mr Olympia, difficile d’admettre qu’il ait pu rester naturel. Et pourtant, droit dans ses bottes, la « panthère noire » ne cessa de rejeter d’un revers de main de telles accusations. Cette obstination à vouloir se proclamer « naturel » s’inscrit dans le caractère même de Serge Nubret, dans cette attitude quelque peu orgueilleuse qui le conduisait souvent à vouloir se présenter comme un être exceptionnel, hors norme. C’est un trait de caractère qui ressort assez nettement à la lecture de son autobiographie ou de ses interventions sur les différents forums du web. Aussi, sympathique qu’ait pu être le personnage, aussi grande l’estime qu’on puisse lui porter, on ne peut taire ce défaut car il peut expliquer en partie la trajectoire de sa carrière.

fotos_serge_nubret_307.jpgA ceux qui lui demandaient comment il avait pu se forger un corps pareil sans avoir recours à des substances anabolisantes, Serge Nubret répondait invariablement que son secret reposait sur une alimentation composée essentiellement de riz, de légumes secs et surtout de viande rouge tel que le cheval. Il affirmait que pendant des années il avait ingurgité jusqu’à 4 ou 5 kilos de viande par jour, en période de compétition ! L’autre raison lui ayant permis d’atteindre ce niveau était d’ordre mystique : c’est ce qu’il appelait « les 3 forces ». Avant d’expliquer ce qu’il entendait par là, penchons nous sur un autre trait de la personnalité de Serge Nubret, à savoir son attirance très marquée pour le mysticisme philosophique, voire l’ésotérisme le plus obscur. Pour tout dire, on touche certainement ici à l’aspect le plus insondable, le plus polémique et peut-être le plus exaspérant du personnage. Serge Nubret était profondément croyant. Comme la plupart des Antillais de son âge, il avait été élevé dans la religion catholique[3]. Toutefois, il s’éloigna peu à peu de la religion traditionnelle pour élaborer une sorte de mystique syncrétique teintée d’une forte dose d’ésotérisme. Dans son autobiographie où il expose largement cette pensée mystique il écrit : « De nos jours, les religions qui se réclament du christianisme n’en sont que des interprétations dogmatiques qui, à bien des égards, déforment l’enseignement du Christ à qui elles font dire tout et n’importe quoi. Ces religions ont beaucoup de sang sur les mains, ont généré de multiples souffrances au nom d’un Dieu qui ne demandait rien de tout cela. […] J’ai lu et relu sans relâche la Bible et le Nouveau Testament. J’y ai puisé MA foi. Tout à fait personnelle et singulière. »[4]  La philosophie de Serge Nubret traduisait certes une ouverture sur le monde et la volonté de comprendre ce dernier, mais, il faut bien l’avouer, elle se réduisait bien souvent à des élucubrations ne dépassant que rarement le niveau de la brève de comptoir. Faites de formules à l’emporte pièce et de poncifs sur l’existence humaine, elle reprenait largement les grands thèmes religieux. Serge Nubret croyait par exemple au destin et refusait toute idée de libre arbitre. Selon lui, tout était écrit d’avance et Dieu avait déjà programmé nos vies sur « son grand ordinateur » (idée que ne renierait pas Francis Lalanne, autre grand penseur !). Comme tout esprit mystique, il empruntait au manichéisme, fondé sur l’existence du Bien et du Mal. Il écrivait notamment : « De mes réflexions et observations, j’ai acquis la certitude suivante : un seul principe anime toute chose : l’âme du monde, conjonction d’une force positive et d’une force négative qui interagissent en permanence l’une sur l’autre »[5]. Il était également friand de numérologie, croyait aux prémonitions, à la réincarnation et à l’astrologie. Il raconte d’ailleurs une anecdote dans son livre, sur une voyante qui lui aurait prédit sa carrière. Tout ceci est difficilement compréhensible pour un esprit athée et cartésien comme le mien mais peut, au mieux, prêter à sourire. Plus dérangeant se révèle le « penseur » Nubret quand sa pensée frise l’obscurantisme le plus rétrograde. A ce titre, certaines pages de Je suis… moi et Dieu sont éloquentes. L’auteur s’y empêtre souvent dans un délire mystico-philosophique particulièrement ridicule. Ne craignant pas de se contredire d’une page à l’autre, il y écrit des énormités telle que celle-ci : « La science nous enseigne aujourd’hui que la plupart des maladies sont d’origines psychosomatiques. Nous les avons, d’une certaine manière créées. »[6] Outre le fait qu’une telle assertion est fausse – même s’il existe évidemment des maladies psychosomatiques, nul médecin, autre que les adeptes de la médecine parallèle, n’a jamais prétendu que la majorité des maladies avait une cause psychique – soulignons que deux pages avant, Serge Nubret s’employait à nous prouver que le libre arbitre n’existait pas et que nos vies étaient écrites d’avance. A quoi nous serions alors tenté de répondre par la question suivante : nous ne pouvons donc rien maîtriser sauf le déclenchement de notre propre cancer ? Plus loin encore, c’est la science qu’il remet en cause. Ses déclarations passablement délirantes nous ramènent alors dix siècles en arrière, en plein Moyen-âge : « Selon notre science illusoire, il existerait dans l’Univers plusieurs milliards de galaxies, groupées en millions d’amas et superamas, renfermant chacune des milliards d’étoiles. On nous apprend aussi que la vitesse de la lumière atteint 300000 km par seconde. [ …] La lumière serait parait-il la chose la plus rapide existant. Comment dès lors serait-il possible de créer l’Univers ? Tout est faux, tout est illusion. JE SUIS est plus rapide que tout car il est TOUT, il est instantané, hors du temps, il échappe à la notion de vitesse puisqu’il n’a pas besoin de bouger pour ETRE… à la fois toujours et partout ! [7]» Serge Nubret rejoint là les religieux les plus réactionnaires, ceux qui ont oublié de prendre en marche le train de la réforme, du progrès et de la modernité.

Voilà donc un Serge Nubret assez étrange, qui, surtout à la fin de sa vie, formulait une pensée mystico-philosophique qu’il professait à qui voulait l’entendre. C’est justement dans le cadre de cette pensée ésotérique qu’il développa son idée phare : celle des « 3 forces ». Pour l’expliquer voilà ce qu’il écrit dans son autobiographie : « C’est ce que je symbolise et résume par l’union des trois forces : la force physique, la force émotionnelle et la force mentale. Contrairement aux apparences, la première, la force physique est la moins importante. Seule elle n’est rien, n’a pas de valeur propre. La force émotionnelle ou affective, c'est-à-dire l’amour profond de ce que l’on fait est autrement plus déterminante. Tout comme l’est la troisième force, la force mentale. La volonté inébranlable d’avancer, quoiqu’il arrive, parce que l’on croit en ce que l’on fait. Et parce que l’on est persuadé qu’il n’y a pas d’autre voie possible ! »[8] Ainsi, selon lui, pour réussir dans toute entreprise, l’homme se doit de réunir, de mettre en symbiose ces trois forces qu’il possède en son for intérieur. On peut ou non adhérer à cette philosophie qui ne mange pas de pain mais ce qui est plus gênant c’est que Serge Nubret s’en servait systématiquement comme d’un paravent pour parer aux attaques de ces contradicteurs qui doutaient qu’il ait pu rester « naturel » tout au long de sa carrière d’athlète. Voici ce qu’il pouvait répondre par exemple quand on l’accusait d’avoir fait usage de stéroïdes : « J’ai commencé la culture physique en 1958, à cette époque les produits chimiques n’étaient pas connus au moins des culturistes. […] Les gens ignorent les possibilités de l’homme quand ses trois forces sont en communion. […] Quand vous avez ces trois forces en communion, tout vous est permis, les hormones naturelles de votre corps sont prêtes à vous venir en aide. Beaucoup de gens appellent cela ‘’être doué’’. »[9] Ainsi, la masse musculaire hors norme qu’il aurait acquis serait due, non pas à des hormones artificielles anabolisantes mais à des hormones secrétées naturellement sous l’action bénéfique de ces trois forces réunies. On nage, là encore, en plein ésotérisme médical. De cette manière, Serge Nubret justifiait également la durée de ses entraînements. C’était grâce à la force émotionnelle – c'est-à-dire « à l’amour profond de ce que l’on fait » - qu’il pouvait rester jusqu’à 5 heures à s’entraîner dans une salle. Ce temps était également nécessaire, affirmait-il, pour que le corps puisse libérer – toujours sous l’action des forces en communion – assez d’hormones anabolisantes naturelles telle que la testostérone. Pour résumer, si Serge Nubret avait pu se forger un corps digne d’un Super-héros de comics, ce n’était pas grâce aux stéroïdes mais à sa capacité d’unir ses trois forces intérieures. Chacun de nous appréciera la dose d’hypocrisie de telles déclarations. Pour ne pas révéler un secret de polichinelle, ce grand champion s’enferma donc dans le dénie le plus total et préféra développer une justification quelque peu branlante. Même si cela n’enlève rien à l’admiration qu’on lui porte, on ne peut que le déplorer.

Ce voile sur la mémoire de Serge Nubret aurait pu être contrebalancé par une autre facette du personnage, à savoir son tempérament frondeur qui fit de lui un homme engagé et indomptable. C’est du moins l’image que beaucoup retiennent de lui. Malheureusement, elle n’est pas aussi claire...



[1] Schwarzenegger a en effet écrit quelques articles sur Serge Nubret et son entraînement. Il aurait déclaré cela dans un article publié dans Muscle&Fitness ou Muscle Power. Les sources divergent sur ce point. Je ne suis toutefois pas parvenu à retrouver la moindre trace de ces articles et ne peut affirmer qu’Arnold ait pu vraiment dire une telle chose. Quoi qu’il en soit il était de renommée mondiale que le programme de Serge Nubret était particulièrement éprouvant.

[2] Thierry Pastel notamment fut un adepte de la « méthode Nubret ». Lors de ses séances au Rem Gym, à la fin de sa vie, Serge Nubret continuait à la promouvoir auprès des adeptes de la musculation qui venaient le consulter, où bien encore sur internet où il suivait pas à pas certains internautes qui venaient lui décrire quotidiennement leur séance inspirée de sa méthode.

[3] « J’aurais pu être juif, musulman ou bouddhiste. Ou demeurer athée. Mais, né aux Antilles françaises où 90% de la population est catholique, je n’avais guère le choix à cette époque de ma vie » in Serge Nubret, Je suis… moi et Dieu, p.15

[4] Serge Nubret, Je suis… moi et Dieu, p.22

[5] Serge Nubret, Je suis… moi et Dieu, p.34

[6] Serge Nubret, Je suis… moi et Dieu, p.37

[7] Serge Nubret, Je suis… moi et Dieu, p.38

[8] Serge Nubret, Je suis… moi et Dieu, p.55

[9] Forum internet de PlanèteMuscle, 7 juillet 2006

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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 08:38

 

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Après la disparition du « pape du fitness » Jack Lalanne en janvier dernier, voici que le monde du muscle et du bodybuilding vient de perdre une autre grande figure en la personne de Serge Nubret. La « panthère noire » comme il fut surnommé, vient en effet de s’éteindre, après un long coma, à la maison de retraite La Peupleraie à Pierrefitte-sur-Seine, le 19 avril 2011.

Compétiteur hors pair à la plastique sculpturale, d’aucun le considèrent comme un des plus beaux culturistes du monde[1], Serge Nubret fut le premier et surtout le seul bodybuilder français à atteindre un tel niveau dans le circuit du culturisme mondial. Non content d’accéder durant quatre années consécutives à la compétition reine de Mr Olympia, de 1972 à 1975, il parvint à se hisser, lors de ces concours, aux places de 3ème et 2ème face aux plus grands tels que Lou Ferrigno, Franco Columbo et Arnold Schwarzenegger. Jusqu’à présent, pas un seul bodybuilder français n’est encore parvenu à faire mieux.

Serge Nubret faisait partie de l’ancienne école du culturisme, cette école qu’il ne cessera de regretter et qui, contrairement au bodybuilding actuel toujours en quête d’hypertrophie démesurée, faisait la part belle à la ligne et aux proportions harmonieuses. Nubret considérait d’ailleurs la musculation comme un art, une culture du corps (d’où sa préférence pour les termes de culture-physique ou de culturisme).

Sa disparition est l’occasion pour moi de revenir sur la vie et le parcours de cet homme exceptionnel qui fut à la fois, athlète, dirigeant sportif, homme d’affaires et acteur mais qui fut aussi considéré comme le « poil à gratter » du monde du muscle, celui qui ne cessa de défendre les intérêts des culturistes (certains diront, surtout les siens) allant jusqu’à braver, contre vents et marées, l’empire des frères Weider.

 

I – Une vie consacrée aux muscles

 

fotos serge nubret 200Serge Nubret est né à Anse-Bertrand, en Guadeloupe, le 6 octobre 1938. Issus d’une famille relativement aisée, son enfance passée avec ses frères et sœurs en pleine nature est heureuse. En 1950, il quitte son île pour s’installer en banlieue parisienne. Il prend très vite conscience de ses atouts physiques[2]. Sportif, il devient champion de France universitaire du lancer de poids à l’âge de 18 ans. Alors qu’il ne connait pas encore le monde de la musculation, il fait une rencontre fortuite qui le marquera particulièrement. En effet, il raconta plusieurs fois cette anecdote selon laquelle, lors d’un évènement sportif organisé à Joinville-le-Pont, il croisa la silhouette impressionnante d’un inconnu qui devait très certainement être un bodybuilder. Il avouait avoir été fasciné par la musculature du personnage et affirmait que cette vision devait, du moins inconsciemment, avoir influencé sa décision de faire de la musculation. Comme de nombreux adolescents à l’époque, Serge Nubret fut également inspiré par le physique du culturiste et comédien américain, devenu une légende, Steve Reeves. Quoi qu’il en soit, alors qu’il décide de retourner en Guadeloupe afin de fuir l’enrôlement pour la guerre d’Algérie en 1958, il s’inscrit dans une salle de musculation à Pointe-à-Pitre. Particulièrement motivé et voyant très vite que son corps, doté d’une génétique avantageuse, réagit bien aux entraînements, il est porté par l’orgueil impétueux de la jeunesse et déclare à qui veut l’entendre qu’il sera bientôt champion du monde. Ceux qui ricanèrent alors – et on peut les comprend – face au présomptueux apprenti culturiste, furent bien surpris quand ce dernier, deux mois seulement après avoir commencé à s’entraîner sérieusement, obtient le titre de Mr Guadeloupe  - qu’il conservera l’année suivante – et remporte celui d’« Homme le plus musclé du monde » lors du concours international IFBB à Montréal de 1960. Ce premier titre d’importance allait ouvrir la grande carrière de ce champion hors du commun. Carrière sportive évidemment, mais aussi une carrière, plus modeste certes, dans le cinéma. En effet, quelques mois après sa victoire canadienne et alors qu’il revient en France, Serge Nubret, qui n’a alors que 22 ans, est contacté par la société de production d’Alexandre Mnouchkine (père d’Ariane Mnouchkine) pour jouer un petit rôle dans Les Titans, péplum divertissant et premier film du réalisateur italien Duccio Tessari. La carrière cinématographique de Serge Nubret dura à peu près 20 ans, puisqu’il multiplia les rôles dans de nombreuses productions pour le cinéma et la télévision jusqu’au milieu des années 80 environ. Parmi elles on citera les plus réussies comme Un condé d’Yves Boisset en 1970, César et Rosalie, le sublime film de Claude Sautet, avec Romy Schneider et Yves Montand, en 1972, et Le professionnel de Georges Lautner avec Jean-Paul Belmondo, en 1981. En réalité, il faut bien le reconnaître, dans tous ces films, Serge Nubret ne fit que de timides apparitions et dû se contenter de seconds rôles, voire de rôles de figurant. Lui-même reconnaissait (peut-être par dépit et parce que, contrairement à Arnold Schwarzenegger son grand rival, il ne parvint pas à percer dans le 7ème art) qu’il n’avait jamais ambitionné une carrière de grand acteur et que le cinéma n’avait été qu’un moyen, une aide financière,  pour mieux vivre sa passion : le culturisme.

 

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Serge Nubret dans Les Titans, aux côtés de Giuliano Gemma


D’abord intéressé par l’architecture, Serge Nubret doit, face à la pression de son père comptable, qui voudrait que son fils prenne la relève à la direction de son entreprise, opter pour des études commerciales. Mais une fois le titre d’  « Homme le plus musclé du monde » en poche, le jeune athlète compte bien persévérer et se lancer dans  une carrière dans le culturisme. Bien que continuant ses études, il n’a qu’un souhait en tête : vivre de sa passion (ce qu’il appellera plus tard sa « raison d’être »). C’est le début d’un conflit ouvert avec son père, qui, que je sache, ne s’est jamais refermé.
A partir de 1962, le voilà propulsé dans une carrière de bodybuilder. Ses entraînements quotidiens s’enchaînent, tout comme s’enchaînent les innombrables victoires et trophées. Dans toute sa carrière, il ne participa qu’à 13 compétitions d’envergures, mais multiplia les shows et autres démonstrations organisées lors des grands rendez-vous du bodybuilding. Il occupa également à plusieurs reprises la fonction de juge de concours. En 1969, notamment, c’est lui qui, lors du concours Mr Univers à Londres, classe premier le jeune Arnold Schwarzenegger qu’il rencontre pour la première fois[3]. Ce dernier lui confie d’ailleurs qu’il fait partie de ses fans. Mais c’est surtout au cours des années 70 que la carrière de la « panthère noire » prend un essor considérable. Dès 1970, il cumule les casquettes, à la fois de dirigeant sportif et d’athlète puisqu’il est élu président de l’IFBB-France. Rappelons que l’IFBB était – et est encore – la fédération de bodybuilding la plus importante, créée de toute pièce par les frères Weider. Très vite, Serge Nubret grimpe les échelons et se fait élire président de l’IFBB-Europe, puis vice-président de l’IFBB-International aux côtés de Ben Weider, grand manitou du bodybuilding mondial. Notons que, pour en arriver là, Serge Nubret avoua lui-même avoir utilisé les mêmes manigances dont usaient habituellement les frères Weider.[4] Ceci peut paraître anecdotique mais ça a le mérite de nous éclairer sur sa personnalité et peut-être nous permettre de mieux comprendre l’affrontement qui l’opposa aux Weider pendant plus de 30 ans. En quelques années, donc, Serge Nubret parvient au sommet des instances dirigeantes du bodybuilding mondial dont il va découvrir très vite toutes les arcanes. Dans le même temps, il atteint également le sommet de la compétition puisqu’après avoir remporté le titre de Mr Europe (IFBB) en 1970, il participe une première fois, en 1972, à Mr Olympia où il termine 3ème derrière Arnold Schwarzenegger et Sergio Oliva. En 1973 et 1974, il réitère cet exploit en se classant 3ème à chaque fois. A ce moment là, Serge Nubret est au zénith de sa carrière. Il affiche un physique impressionnant. Il est alors le premier français à atteindre un tel niveau au plan international et pour beaucoup, notamment parmi la communauté noire et antillaise, il devient un modèle, voire une idole[5]. En 1975, la compétition de Mr Olympia se déroule à Pretoria, en Afrique du Sud. Selon Serge Nubret c’est en grande partie grâce à lui que ce pays très fermé où régnait l’Apartheid, accepta de rejoindre l’IFBB et d’accueillir le concours. Quelques scènes de Pumping Iron, le célèbre documentaire qui rendit Arnold Schwarzenegger si célèbre, fut tourné à ce moment là. On y voit d’ailleurs Serge Nubret à plusieurs reprises (sans compter les scènes qui, selon lui, furent coupées au montage). Mais c’est aussi lors de ce concours que se joua la tragédie entre Nubret et les frères Weider. Tragédie qui devait se conclure par une rupture brutale entre les trois hommes. Nous reviendrons plus tard sur les circonstances exactes de ces évènements. Au terme de ce Mr Olympia mouvementé, Serge Nubret remporte la 2ème place juste derrière Arnold Schwarzenegger et devant Lou Ferrigno. Suite à sa rupture avec les Weider et l’IFBB, dont il est exclu, il décide de créer sa propre fédération, la WABBA (World Amateur Bodybuilding Association)[6]. Il s’agit avant tout, même si l’intention n’est pas clairement affichée, de faire concurrence à l’IFBB de Ben Weider. Nubret préfère invoquer la volonté de donner vie à une fédération qui serve réellement les intérêts des athlètes[7]. Parallèlement à sa nouvelle fonction de dirigeant de fédération internationale, il continue à concourir en tant qu’athlète comme il le faisait au sein de l’IFBB. En 1976, il remporte d’ailleurs le titre de Mr Univers (NABBA), puis en 1977 celui de Mr World (WBBG). A l’âge de 43 ans, toujours au mieux de sa forme, il termine second de la compétition World Cup dans sa propre fédération la WABBA, et en 1983 il obtient le titre de Champion du Monde WABBA. Ce sera son dernier trophée puisqu’il abandonne la compétition définitivement en 1984 après une carrière longue de 25 ans. Cette retraite bien méritée ne l’empêche pas de continuer à s’entraîner sérieusement. On peut même affirmer qu’il est quasiment mort les haltères à la main puisqu’à l’âge de 70 ans il enchaînait encore les séries d’une manière déconcertante et arborait un physique à faire pâlir d’envie certains sportifs, de 50 ans ses cadets. Dans les années 80, une fois retiré du monde de la compétition, Serge Nubret se consacre exclusivement à ses fonctions de dirigeant au sein de la WABBA ainsi qu’à celle de propriétaire de salles de sport à Paris. Il ouvrira notamment le Nubret’s International Club, une des plus grandes salles d’Europe, située d’abord rue Rébéval dans le 19ème puis rue du Buisson Saint Louis dans le 10ème. C’est là qu’il entraîne de nombreux culturistes et en prépare certains à la compétition. C’est le cas notamment de Thierry Pastel, d’Edouard Kawak ou de Christian Gomba pour n’en citer que quelques uns[8]. Il prend bientôt peu à peu ses distances avec la WABBA qu’il accuse de devenir une entreprise purement commerciale et finit par la quitter non sans heurts puisqu’il intente un procès à ses nouveaux dirigeants en tant que dépositaire du nom de la fédération et de son logo.

A compter de ces années, il faut bien avouer que Serge Nubret tombe peu à peu dans l’oubli, ou du moins, ne parvient pas à revenir sur le devant de la scène. Ayant quitté la WABBA, il rejoint l’AFCPAS (Association Française de Culture Physique Athlétique et Sportive) à laquelle il restera affilié jusqu’à sa mort, mais qui ne bénéficie évidemment pas du même prestige que l’IFBB ou la WABBA. Durant les dernières années de sa vie il fréquente régulièrement le Rem Gym, une des dernières salles de musculation parisiennes à accueillir les vrais bodybuilders. Il s’y entraîne et y dispense leçons et conseils aux culturistes amateurs, toujours en quêtes de précieux renseignements. On le dit alors facile d’accès et patient avec tous ceux qui l’approchent. Patient et disponible il l’est également sur internet où il participe à de nombreux forums de musculation un peu partout dans le monde et où il répond presque quotidiennement aux internautes qui l’interrogent et n’hésitent pas quelques fois à mettre en doute son entraînement et son image d’athlète propre vis à vis du dopage[9].

 

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Toujours aussi musclé malgré son âge (source: Bodybuilding.com)

 

Père de 3 enfants issus de deux mariages – notamment avec Jacqueline Nubret, avocate et élue trois fois Miss Monde Bodybuilding – Serge Nubret est découvert dans le coma à son domicile en mars 2009. Conduit à l’Hôpital Lariboisière, il va demeurer dans cet état pendant de nombreux mois. Ayant repris connaissance, il se trouve dans un état végétatif, privé de la parole et ne reconnaissant presque personne. Il décède finalement le 19 avril 2011, lors de son séjour en maison de retraite. Les raisons de sa mort restent floues. Aux lendemains de son coma, ses enfants publièrent sur son site internet, récemment ouvert, le message suivant : « Pour le moment, le diagnostique est un coma hypoglycémique probablement dû à un dysfonctionnement de son pancréas ». Il n’empêche que le mystère demeure d’autant plus qu’il est alimenté par des rumeurs plus ou moins fondées faisant état d’un empoisonnement délibéré[10]. Ses enfants notamment sont mis en accusation par certains internautes. Une enquête judiciaire a d’ailleurs été ouverte pour faire toute la lumière sur cet évènement tragique.[11]

Ainsi fut l’exceptionnel destin de Serge Nubret, athlète noir parti de sa Guadeloupe natale pour conquérir le monde du bodybuilding. Son palmarès impressionnant, lui qui talonna Schwarzenegger à Mr Olympia et fut sacré 6 fois champion du monde, fut possible grâce à un physique digne des plus belles statues de Michel-Ange qu’il s’employa toute sa vie à modeler et à améliorer. Pour atteindre ce corps proche de la perfection, la « panthère noire » s’appuya sur un programme d’entraînement herculéen et une philosophie bien singulière...



[1] En 2000, le magazine canadien Musclemag classa Serge Nubret 7ème meilleur culturiste de tous les temps et dans le magazine Flex de juin/juillet 2006, il fut cité dans le top 20 des culturistes les plus esthétiques de tous les temps.

[2] Voici ce que déclare Serge Nubret dans son livre autobiographique Je suis… moi et Dieu :  « Je pus néanmoins mesurer assez rapidement que, contrairement aux apparences, mes 12 premières années d’ « apprentissage » à la Guadeloupe m’avaient plutôt bien préparé à endurer les bouleversements auxquels j’étais soudain confronté au quotidien. En effet, tous les jeux pratiqués là-bas m’avaient rendu particulièrement fort et robuste […] Je dominais en effet sans effort tous mes nouveaux camarades dès lors qu’il s’agissait d’exercer ses capacités physiques […] C’est à cette époque que j’ai pris conscience que je disposais de qualités physiques hors normes. »

[3] Arnold Schwarzenegger terminera finalement deuxième derrière Chet Yorton.

[4] « Pour obtenir les suffrages de la majorité des votants, je m’en remis à la fois à ma réputation d’athlète et aux méthodes « Weider ». Après tout, elles avaient fait leurs preuves et la fin justifiait les moyens. Je nouais ainsi des contacts avec les présidents des fédérations nationales, leur proposant d’effectuer une démonstration, évidemment à titre gratuit, à l‘occasion  de leur Championnat national. Et c’est ainsi qu’à Vérone, en 1974, j’accédai à la fonction de vice-président de l’IFBB. » in Serge Nubret, Je suis… moi et Dieu, p.85

[5] « Le fait que Serge Nubret, consacré Monsieur Univers aux USA, ait pu tourner dans les ‘‘films d’Hercule’’, n’est pas étranger à cet engouement pour le culturisme. L’impact du cinéma et de cet acteur noir, d’origine antillaise, ont marqué toute une génération. » in Louis Boutrin, Le sport à la Martinique, p.229

[6] Il avait tenté auparavant de mettre sur pied une Fédération des Indépendants qui capota faute de soutien et d’argent.

[7] « Il fallait que j’imprime ma marque, mon empreinte sur ce sport, mon sport. Non par stupide vanité mais parce que je me rendais compte tous les jours qu’il y avait beaucoup à faire pour que la culture physique accède à la place qui lui revenait et que les athlètes y soient traités autrement que comme des pions que l’on manipule. » in Serge Nubret, Je suis… moi et Dieu, p.83

[8] Thierry Pastel fut Champion du Monde WABBA en 1984 et Champion du Monde Pro WABBA en 1987. Il termina 5ème lors de l’Arnold Classic 1991 et 8ème au Mr Olympia de la même année. Edouard Kawak termina 8ème à Mr olympia en 1987. Christian Gomba prit la 3ème place au Mr Univers NABBA de 1981 et finit également 3ème l’année suivante au Championnat du Monde WABBA. Dans le film de Luc Besson, Subway, il tient le rôle de Gros Bill, un bodybuilder renfrogné.

[9] La lecture des interventions de Serge Nubret sur les différents forums montre combien il semblait en manque de notoriété à la fin de sa vie. C’était peut-être un peu pour lui un moyen de se faire re(connaître) de la jeune génération, lui qui n’avait plus vraiment d’actualité. Internet et ses forums furent notamment utilisés comme un tremplin inespéré pour faire de la publicité pour son livre autobiographique. Quelques mois avant de tomber dans le coma il tenta même de créer une compétition portant son nom et destinée à élire un bodybuilder par internet interposé. Une sorte de cyber-Mr Olympia en quelque sorte.

[10] Message de Shawn Ray posté sur le forum de Muscular Development le 6 mai 2009.

[11] Kevin Grech, “Mystery surrounds the death of bodybuilding legend and actor Serge Nubret”, in Maltatoday.com.mt, 25 avril 2011.

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28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 17:03

Je regrette sincèrement de devoir publier un article n'ayant rien à voir avec la musculation (et jamais je n'aurais imaginé devoir en arriver là) mais je tenais quand même à pousser un petit coup de gueule contre les plagiaires et autres copieurs-colleurs malhonnêtes qui se permettent, sans mon accord, et surtout sans citer leur source, de reproduire mes articles, publiés ici, sur leurs sites internet. L'article sur Muscle Beach notamment a été copié sans mon accord, sur un site que je nommerai pas, et carrément volé (sans source citée et en changeant le contenu illustratif) sur un autre, que je ne citerai pas non plus. Le plus cocasse est que ces deux sites (commerciaux !) ont recopié l'article en maintenant une erreur de frappe que j'avais commise. Preuve, en plus, qu'ils n'ont même pas lu l'article en entier. J'ai récemment contacté un des deux sites pour lui demander de citer ses sources. Affaire à suivre...

Mon blog est un moyen d'échanger avec les amateurs de bodybuilding, de fitness et de sport en général. Il est évidemment un lieu où l'on peut reccueillir des informations, s'informer sur tel ou tel sujet. Je ne suis donc évidemment pas contre, par principe, le fait que l'on reprenne des passages de mes articles, voire des articles entiers. Mais la moindre des politesses serait avant tout de m'en informer, comme l'a fait tout récemment avec professionnalisme un site de musculation tchèque, que, pour la peine je n'hésite pas à nommer: ronnie.cz, ou, au moins, de citer L'esprit du Muscle en source. Un minimum d'honnêteté et de civisme ne ferait pas de mal à certains.

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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 19:31

muscle-panneau.jpgOutre-Atlantique il est un lieu bien singulier comme seuls les Etats-Unis en possèdent. Considéré par certains comme une foire vouée à la culture du narcissisme et de l’égocentrisme, il est pour d’autres un paradis où pratiquer librement le lifestyle du bodybuilder, sorte de succédané postmoderne de l’American way of life. Ce lieu est situé en Californie, dans un quartier de Los Angeles appelé Venice (en référence à la Venise italienne). Il s’agit bien évidemment du célèbre Muscle Beach.

Je ne pouvais manquer, sur ce blog dédié au bodybuilding et donc au culte du corps, d’évoquer cet endroit qui fait rêver tant de pratiquants de la musculation partout dans le monde. Et puisque les beaux jours arrivent, que l’été pointe enfin le bout de son nez, quoi de mieux qu’un petit voyage en Californie ?

 

I – Les origines de Muscle Beach.

 

Bien peu de personnes savent aujourd’hui qu’il a existé non pas un mais deux Muscle Beach à Los Angeles. En fait, bien des touristes faisant escale à Venice croient visiter là l’unique et authentique plage des bodybuilders. Pourtant, ce n’est pas sur la plage de Venice qu’a débuté l’histoire de Muscle Beach mais à environ 2 km plus au nord, dans la ville de Santa-Monica.

mbsmC’est dans le cadre d’un projet de rénovation du front de mer, que les autorités nationales du Work Projects Administration (WPA) décidèrent au début des années 30 de construire un parc et des installations de loisirs au sud de la jetée de Santa-Monica. Le projet s’inscrivait en fait dans un vaste programme de grands travaux lancés après le krach boursier de 1929 afin de lutter contre le chômage. De nombreux ouvriers sans emplois furent ainsi réquisitionnés dans la région pour mener à bien le chantier. Les travaux prirent fin en 1934 et le lieu obtint tout de suite une grande popularité. Destiné essentiellement à la détente et aux loisirs il n’était pas encore celui qu’on surnommera plus tard Muscle Beach. Toutefois, il attirait déjà de nombreux sportifs ayant choisi de s’entraîner sur la plage, notamment pour parer au tremblement de terre de 1933 qui avait endommagé de nombreux gymnases dans la région. Situé dans un cadre agréable proche de la mer et baigné par le soleil, le parc bénéficiait du développement récent de l’industrie hollywoodienne et se voyait fréquenté quotidiennement par toute une population issue du septième art. Dès ce moment là, le destin de ce qui deviendra bientôt Muscle Beach - d’abord à Santa-Monica puis à Venice - fut lié à celui du monde du spectacle et du cinéma. Nombre de célébrités, de cascadeurs ou d’acteurs adoptèrent le lieu. On pouvait notamment y croiser Clark Gable, Kirk Douglas ou Tyrone Power. Mae West y trouvait les plus beaux garçons pour sa revue et plus tard, Jayne Mansfield tout comme Jane Russell y rencontrèrent leurs futurs maris respectifs. Certains sportifs qui venaient s’entraîner partiellement dénudés ne manquaient pas d’attirer l’attention des producteurs et des réalisateurs à la recherche de stars ou de figurants aux physiques athlétiques. C’est ainsi par exemple que quelques années plus tard, Steve Reeves fut remarqué par le réalisateur Cecile B. DeMille pour le casting de Samson et Dalila (il ne fut finalement pas retenu). Le parc attirait également beaucoup de gymnastes et d’acrobates qui venaient répéter leurs figures en plein air. Leurs acrobaties devinrent bientôt des attractions très prisées du public. Une de ces attractions, immortalisée par de multiples photographies, consistait en une pyramide humaine grâce à laquelle les acrobates révélaient toute leur force et leur agilité. On assistait parfois à des pyramides constituées de 6 ou 7 personnes (parfois plus) s’empilant les unes sur les autres pour le plus grand plaisir du public, ébahis devant ces corps à demi nus, bronzés et musclés[1]. Harold Zinkin, acrobate de formation et culturiste de la première heure (il fut sacré premier Mr America en 1945) s’imposait alors comme le grand spécialiste des démonstrations acrobatiques en plein air. Son nom demeure à jamais attaché à cette plage de Santa-Monica et à son parc[2]

 

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                                                                                  Harold Zinkin et John Grimek

 

Durant la seconde guerre mondiale, de nombreux soldats américains vinrent entretenir leur physique sur la côte californienne et à Santa-Monica plus particulièrement. Des haltérophiles rejoignirent les acrobates et autres gymnastes déjà présents. On citera notamment John Grimek, haltérophile et culturiste qui participa aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936 et fut sacré Mr America.

En cette fin des années 40 le parc de loisirs dédié au sport et au culte du corps attirait donc toujours plus de monde. Toutefois c’est à partir de la décennie suivante qu’il connut son plus grand essor, avec l’arrivée de grandes figures du monde de la santé et du muscle. On entrait alors de plein pied dans ce que l’on peut considérer comme l’âge d’or de Muscle Beach.

 

muscle-beach-origines.jpg

 

 

II – L’âge d’or de Muscle Beach.

 

mb-santa-public-50.jpgLes années 50 furent pour les Etats-Unis synonymes d’essor considérable. Auréolé du prestige des vainqueurs après la seconde guerre mondiale, le pays pouvait compter sur une économie puissante qui dominait le monde. La reconversion de son économie de guerre en économie de production de biens de consommation bouleversa la société américaine. Un nouveau style de vie apparut et s’exporta rapidement dans le monde entier, c’était la naissance de l’American way of life. Pour beaucoup alors, la société de consommation était perçue comme une promesse de progrès et d’espoir. Le mythe du self-made-man sur lequel s’était forgé le pays était plus que jamais mis en valeur. Le modèle individualiste propre à la société américaine fut également renforcé. Les Américains portaient de plus en plus d’attention à leur apparence physique, à leur corps et à leur santé. La publicité et les magazines se firent largement l’écho de ce nouvel état d’esprit. Dans ce contexte socio-culturel, la plage de Santa-Monica, entièrement tournée vers la satisfaction des plaisirs hédonistes, prit une nouvelle dimension. Son image évoquait celle de corps sveltes et musclés, d’où son nouveau surnom : Muscle Beach.

Si les stars hollywoodiennes continuaient d’y venir aussi assidûment, ce furent surtout les professionnels de la culture physique – dans la lignée d’Harold Zinkin – qui l’animèrent. Ils venaient y prodiguer leur enseignement aussi bien dans le domaine de l’entraînement sportif que de l’alimentation. C’était le cas entre autres de Jack Lalanne, un des premiers professeurs de fitness et spécialiste de la nutrition sportive (Il fut surnommé « le gourou de la santé »), de Glenn Sundby, gymnaste et acrobate qui créa pour sa part un magazine dédié à la gymnastique, ou de Russ Saunders, lui aussi gymnaste et acrobate qui devint cascadeur pour le cinéma. Les années 50 virent l’arrivée à Muscle Beach, des premiers culturistes tels que Armand et Vic Tanny[3], Irvin « Zabo » Kozewski (célèbre pour ses abdominaux impressionnants) et surtout Steve Reeves[4] qui connu bientôt la célébrité au cinéma où il incarna à plusieurs reprises le personnage mythologique d’Hercule.

 

 

            SteveReeves   zabo.jpg   armand-tanny.jpg   jack-lalanne.jpg

                  Steve Reeves                                Irvin Kozevski                 Armand Tanny                        Jack Lalanne

 

 

L’exhibition des corps bodybuildés sur la plage californienne devint alors une attraction à part entière et les magazines consacrés à la santé et au sport vinrent y faire leurs séances de photos. C’est à cette époque que l’on commença à voir se multiplier ces célèbres clichés sur lesquels s’étalent de beaux éphèbes musclés aux sourires impeccables, entourés de pin-up en bikini. Ces images d’Epinal ont fait rêver plus d’une génération d’américains et beaucoup de culturistes ayant fréquenté la plage de Santa-Monica ont avoué avoir largement été influencés par ces photos[5]. poses-photo.jpgLe phénomène des photos de plage – devenu depuis un genre photographique à part entière - prendra de l’ampleur tout au long des années 60, jusqu’à aujourd’hui. Le bodybuilder Dave Draper a collaboré à ces séances de photos qui ont largement participé à créer le mythe de Muscle Beach. Il a évoqué cela dans un numéro de Muscle&Fitness[6]: « Je suis apparu sur la scène du culturisme au début des années 60 et, dès lors, j'ai rempli les pages de ses magazines, embelli leurs couvertures et, grâce à ces attrayantes photos prises sur les plages californiennes, j'ai colporté des récits remplis de joie, de promesses et d'espoir à l'usage des jeunes comme de ceux qui n'avaient rien perdu de leur jeunesse du cœur. Je me remémore ces jours joyeux où j'arborais un large sourire, contractais mes muscles et batifolais avec des baigneuses sexy au cours d'après-midi dingues de farniente au soleil. »

En cette fin des années 50, Muscle Beach apparaissait comme un véritable paradis pour les amoureux du culturisme et du culte du corps. Tous les éléments étaient réunis pour conférer à l’endroit un caractère unique : soleil omniprésent, plage magnifique, mer accueillante, équipements sportifs, stars du cinéma, athlètes de haut niveau, spécialistes du bodybuilding, beaux garçons musclés et bronzés, filles de rêve aux silhouettes sculpturales. Et pourtant, cet univers magique devait prendre fin de manière abrupte un jour de décembre 1958. En effet, il faut dire que le paradis de l’exhibitionnisme et de l’apparence n’était pas du goût de tout le monde dans l’Amérique conservatrice d’alors. Beaucoup voyaient dans cet étalage de chairs, une forme de frivolité charnelle peu compatible avec les bonnes mœurs. Aussi, le scandale qui éclata à la fin de l’année 1958 allait servir de prétexte pour fermer définitivement le lieu. Les faits : lors d’une soirée organisée dans un appartement situé non loin de Muscle Beach, quatre culturistes furent accusés de viol sur de jeunes filles mineures. L’occasion était trop belle pour la laisser s’échapper. Sans aucun avertissement préalable, les autorités ordonnèrent de raser le hangar où s’entraînaient les gymnastes et les haltérophiles. Malgré les protestations de nombreux usagers, la mairie fit également retirer l’enseigne de Muscle Beach ainsi que toutes les installations sportives afin que le lieu redevienne un simple parc. Aujourd’hui encore les raisons de la fermeture brutale du Muscle Beach de Santa-Monica restent obscures. Si les autorités ont toujours affirmé que c’était pour des raisons de sécurité dû aux capacités d’accueil insuffisantes du parc (le week-end, celui-ci pouvait réunir plus de 10 000 personnes venues assister aux attractions sportives), certains ont toujours soupçonné l’administration d’avoir cédé aux pressions des conservateurs – profitant du scandale de l’affaire des viols - qui considéraient Muscle Beach comme un lieu indécent. Précisons d’ailleurs que la culpabilité des quatre culturistes présumés violeurs ne fut jamais prouvée, ce qui tendrait à renforcer ces soupçons. Quoi qu’il en soit, la fin des années 50 marqua aussi la fin du Muscle Beach de Santa-Monica. Si des athlètes continuèrent à venir s’y entraîner durant encore quelques années, le lieu perdit peu à peu son attrait et son public[7]. Une nouvelle page de Muscle Beach allait désormais s’écrire… à quelques kilomètres de là.

 

III - Les jours de gloire de Muscle Beach.

 

Face au succès du parc de Santa-Monica, la ville de Los Angeles décida en 1951 d’en construire un similaire, quoique beaucoup plus petit, 4 kilomètres plus au sud, dans le quartier de Venice. Même si le lieu n’offrait pas encore toutes les installations sportives disponibles jusqu’alors à Muscle Beach premier du nom, la fermeture de ce dernier obligea les athlètes à y migrer dès 1959. Le nouveau Muscle Beach de Venice correspond donc à celui que l’on connaît aujourd’hui encore.

columbo gold zane shwarzyrAvec la fermeture du site de Santa-Monica une nouvelle génération d’athlètes et de bodybuilders fit son apparition. Elle investit entièrement le nouveau parc et participa activement à l’édification de son mythe. Parmi elle, on compte des légendes tel que Larry Scott, Franco Columbo, Frank Zane, Dave Draper, Ric Drasin, Mike Katz, Ken Waller, Ed Corney et bien sûr Arnold Schwarzenegger qui s’installa en Californie à la fin des années 60. Mais on ne pourrait parler de Muscle Beach dans les années 60-70 sans évoquer à la fois un homme et un lieu dont les noms sont aujourd’hui aussi connus - sinon plus – que la plage de Venice : Joe Gold et le Gold’s Gym. A partir des années 60 en effet, le nom de Muscle Beach ne peut être séparé de la première véritable salle de musculation des Etats-Unis (et peut-être du monde) que fut le Gold’s Gym. Né à Los Angeles en 1922, Joe Gold fréquentait régulièrement la plage et le parc de Santa-Monica durant son adolescence et devint membre du club d’haltérophilie, le Muscle Beach Weightlifting Club. Il entra dans la marine marchande puis participa à la seconde guerre mondiale au sein de l’US Navy. Après la guerre, il retourna à Muscle Beach et fut engagé dans la troupe de Mae West avec laquelle il fit le tour des Etats-Unis. Passionné de sport depuis son adolescence il pratiquait intensément le bodybuilding. En 1965 il décida d’ouvrir une salle de musculation à Venice. Il fit l’acquisition d’un bâtiment situé à l’époque à quelques mètres de la plage et à l’apparence austère qui allait devenir le Gold’s Gym. Joe Gold l’équipa de machines qu’il confectionnait lui-même dans son garage. Notons d’ailleurs que ces machines serviront de modèles pour les appareils construits par la suite dans le monde entier. Aujourd’hui encore les fabricants s’inspirent des principes fonctionnels imaginés par le fondateur du Gold’s Gym pour élaborer leur matériel de musculation.gold-s-gym-facade.jpg L’équipement de la salle était certes artisanal mais rien ne manquait. Jusqu’ici les salles de sport s’adressaient aussi bien aux culturistes, qu’aux gymnastes ou aux haltérophiles, mais Joe Gold souhaitait créer un lieu entièrement réservé aux bodybuilders. Aussi, si au Gold’s Gym l’ambiance était amicale, l’esprit du bodybuilding hardcore régnait en maître. La musique y était absente et les sportifs dilettantes n’y avaient pas leur place. Les athlètes étaient là pour s’entraîner avec sérieux et acharnement. Lou Ferrigno, arrivé de New York, raconte sa première visite au Gold’s Gym : « La première chose qui m’est venue à l’esprit quand je suis entré pour la première fois, c’est que je devais m’entraîner plus dur ». Il poursuit en paraphrasant Churchill : « C’était du sang, de la sueur et des larmes là-dedans ». La salle constituait un lieu d’entraînement mais aussi d’échange et de camaraderie. Elle était même considérée comme une sorte d’asile pour certains bodybuilders sans le sou et sans abri. Il n’était pas rare en effet d’en croiser certains ayant passé la nuit dans les douches, voire sur le toit du bâtiment. Il faut rappeler que les années 60 et 70, surtout en Californie, furent marquées par le phénomène beatnik et son style de vie bohème. Venice fut le centre névralgique de la Beat Generation et un haut lieu du mouvement hippie dans les années 60. On assista alors à la rencontre de deux sous-cultures qui finirent par se mêler : celle des « babas » et des bodybuilders. Jim Morrison, qui vécu deux ans à Venice, où il créa le noyau de ce qui allait devenir les Doors, fréquenta d’ailleurs régulièrement à la fois Muscle Beach et le Gold’s Gym. Dans le même temps, beaucoup de culturistes adoptèrent un style de vie assez proche de celui des hippies en s’adonnant aux plaisirs hédonistes rendus possible par un encadrement naturel idyllique. Cet esprit « baba-cool » s’exprimait dans le fonctionnement même du Gold’s Gym où la cotisation annuelle était très peu élevée et où ses membres allaient parfois jusqu’à aider son propriétaire à payer le loyer. En fait, comme l’explique Dave Draper : « Joe ne cherchait pas à gagner beaucoup d’argent ». Il raconte d’ailleurs que la plupart des premiers adhérents n’étaient pas tenus de payer leur abonnement.

schwarzy-columbo.jpgC’est probablement de cette époque que date la véritable naissance du lifestyle du bodybuilder propre à Muscle Beach. Ce style de vie concerne tout les « à côté » de la pratique du culturisme et se caractérise par une forme d’indolence et d’insouciance et où la seule préoccupation majeure demeure le bien être du corps et de l’esprit. Il s’agit en quelque sorte du pendant sportif de la dolce vità italienne. Bill Howard, un habitué de Muscle Beach à cette époque, évoque ce lifestyle : « Après leur séance d’entraînement principal, les bodybuilders pouvaient s’entraîner encore à la fosse[8], faire du yachting et s’amuser avec le public ». Arnold Schwarzenegger, tout droit débarqué d’Allemagne, fut aussitôt séduit par la Californie et le mode de vie qu’il y pratiquait : « Un an passé en Californie m’avait convaincu du culte qui l’entourait en tant que paradis des bodybuilders. Le soleil, la mer et le climat modéré en faisaient un lieu idéal pour entretenir un corps comme le mien. J’aimais le Gold’s Gym et les longs morceaux de plage où je pouvais courir puis plonger pour prendre un bain ». Ainsi, les culturistes bénéficiaient des meilleures conditions pour mener une vie entièrement consacrée à leur passion. Leurs journées à Muscle Beach se résumaient en gros à entretenir leur masse musculaire, à profiter des joies de la mer, à parfaire leur bronzage, à séduire les filles, à prendre des repas gargantuesques sous les regards des passants interloqués et à organiser des soirées où les écarts en tous genres étaient permis[9]. columbu-shwarzy-mb.jpgRic Drasin, catcheur et bodybuilder, fut une des figures marquantes de Muscle Beach et le partenaire d’entraînement de Schwarzenegger durant 4 ans. Il fut également le créateur, en 1973, du logo si caractéristique du Gold’s Gym. Il évoque dans un article paru dans Men’s Fitness, les conditions de vie de l’époque qui laissent rêveur. Il explique notamment qu’il était alors facile de se déplacer à Los Angeles et que les logements en bord de mer n’étaient pas chers : « Je payais 225$ par mois pour 2 chambres, 2 salles de bain et une terrasse. Ça reviendrait probablement à 2000$ aujourd’hui ». Il n’était pas difficile non plus de se nourrir pour un bodybuilder. Drasin raconte qu’au restaurant Zucky’s Deli, particulièrement apprécié des culturistes, « tu pouvais avoir une grosse omelette de 7 œufs avec du jambon et du fromage pour 1 dollar ».

C’est dans ce contexte économique plutôt agréable et alors que la Californie était en pleine effervescence sous l’impulsion du mouvement hippie que se déroula ce qui peut vraiment être considéré comme les jours glorieux du deuxième Muscle Beach et du bodybuilding. Le Gold’s Gym était évidemment au cœur de cette époque palpitante. En 1970, Joe Gold vendit la salle à Bud Danitz et Dave Sachs. Ces derniers la cédèrent à leur tour à Ken Sprague en 1977.

pumping-iron-tournage.jpgCette année là constitua un moment important non seulement pour le Gold’s Gym et Muscle Beach mais pour l’histoire du bodybuilding en général. En effet, alors que l’univers du culturisme demeurait méconnu dans le reste des Etats-Unis et surtout dans le monde, deux jeunes réalisateurs, Georges Butler et Robert Fiore décidèrent de consacrer un documentaire sur ce sujet. L’excellent Pumping Iron fut tourné pour une bonne part à Muscle-Beach et au Gold’s Gym. Il permit de faire découvrir au monde entier, à la fois le bodybuilding, Arnold Schwarzenegger et la première salle de musculation digne de ce nom. A partir de ce moment là le Gold’s Gym prit une dimension internationale. Aux culturistes américains venus de tous les Etats-Unis devaient s’ajouter désormais des bodybuilders en provenance de tous les coins du globe. Aussi, la salle fut bientôt surnommée « La Mecque du Bodybuilding ». Selon Lou Ferrigno : « Tout le monde savait que pour faire partie des meilleurs il fallait venir en Californie et s’entraîner au Gold’s Gym ». Les magazines spécialisés adoptèrent la salle comme décor pour organiser leurs séances de photos. Des concours de bodybuilding furent organisés en son sein, notamment le championnat de Mr America. Le Gold’s Gym fit également beaucoup pour la reconnaissance du culturisme féminin en organisant des compétitions réservées aux femmes. En 1979, le lieu fut à nouveau vendu. Pete Grymowski, Tim Kimber et l’architecte Ed Connors s’en portèrent acquéreurs. Les trois hommes souhaitèrent donner une nouvelle image à la mythique salle de musculation en l’ouvrant à un plus large public. Des travaux d’agrandissements furent alors engagés. Désormais le lieu ne devait plus s’adresser uniquement au noyau dur des bodybuilders hardcore. Le nombre d’adhérents fut multiplié et le chiffre d’affaire aussi. Durant les années 80, le Gold’s Gym devint une franchise et donna naissance à une chaîne de clubs de remise en forme particulièrement prospère. Une multitude de salles franchisées apparurent sur le territoire américain d’abord, puis partout dans le monde. L’entreprise diversifia son activité en développant la vente de suppléments alimentaires, de vêtements et d’accessoires. Aujourd’hui, l’enseigne Gold’s Gym compte pas moins de 650 salles de sport dans 42 états américains et dans 30 pays.

 

IV – Muscle Beach devient un mythe.

 

Tout comme le Gold’s Gym, Muscle Beach bénéficia de la publicité autour de la musculation engendrée par Pumping Iron et dû accueillir à partir des années 80 un public toujours plus nombreux. Ces années furent marquées aux Etats-Unis par une vague de conservatisme et le durcissement de ce qu’on a appelé la « seconde guerre froide »[10]. Le gouvernement américain, Reagan en tête, agitait de nouveau le spectre du péril rouge. L’heure était alors au patriotisme exacerbé et au culte de la défense armée de la nation. rambo.jpgPas étonnant que dans ce contexte des « années Reagan », on vit fleurir au cinéma les superproductions gonflées à la testo comme Rocky, Rambo, Conan le Barbare, Terminator, Commando ou bien encore Predator. La célébration du corps svelte et musclé synonyme de force belliqueuse constituait une allégorie à peine voilée du rempart que devait opposer les Etats-Unis à ce qu’ils considéraient comme la menace communiste. Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger, les deux stars bodybuildées les plus célèbres étaient alors au zénith de leur carrière cinématographique.

Les eighties marquèrent également l’entrée dans les « années fric », celles de la société de consommation décomplexée, du culte de l’entreprise et des golden boys. L’homme et la femme modernes se devaient d’être des battants, des gagneurs, des businessmen ou des working girls bien dans leur tête et dans leur corps, soucieux de leur santé et leur bien être. Tel était du moins, le modèle véhiculé un peu partout dans les médias. Aussi, les clubs de gym virent affluer un nombre grandissant de nouveaux pratiquants[11]. fit80.jpgLa Gym Tonic fit son apparition sur le petit écran. Jane Fonda et Richard Simmons se mirent en tête de modifier la silhouette des ménagères en vendant plusieurs milliers de K7 video d’exercices à effectuer à la maison. Ainsi le fitness et l’aérobic s’immiscèrent peu à peu dans le quotidien des Américains. La musculation se démocratisa et devint dans le même temps un des hobbies préférés des classes moyennes et supérieures tels que les  yuppies, « cette couche sociale devenue l’emblème des années 80 » composée de « jeunes professionnels urbains, avides de réalisation de soi par la réussite matérielle, pratiquants les plus assidus de la transpiration électronique »[12]. Face à l’afflux  d’adeptes de la musculation et le développement du fitness et du bodybuilding, des hommes d’affaire aux dents longues débarquèrent sur la côte californienne – dans le sillage de ce vieux briscard de Joe Weider[13] – pour faire fortune.

Les années 80 furent aussi caractérisées par le développement des produits anabolisants. Apparus à la fin des années 50, ces derniers envahirent les vestiaires des salles de musculation où ils furent largement vendus « sous le manteau ». De nouveaux physiques hypertrophiés s’imposèrent dès lors à Muscle Beach. Fini les proportions harmonieuses, l’heure était désormais aux muscles surdimensionnés.

Une nouvelle génération de bodybuilders arriva sur la plage de Venice. Celle des années 70 disparue peu à peu, même si certains culturistes continuèrent à y venir de temps en temps. Des travaux de réaménagement furent accomplis en 1982. Le « Pit » notamment, fut totalement transformé. De nouvelles installations virent le jour et des appareils de musculation furent ajoutés. En 1987, la ville de Los Angeles attribua officiellement au lieu le nom de « Muscle Beach Venice ».

Même si beaucoup de choses changèrent au cours des années 80-90 dans le monde de la musculation et à Muscle Beach, le lieu ne perdit nullement de sa superbe et continua d’attirer une foule de visiteurs. Depuis la fin des années 70, il avait même accédé au statut de mythe. Les chalands, à la fois intrigués et impressionnés par les physiques hors norme qui le peuplaient, étaient toujours aussi nombreux à venir admirer les culturistes pendant leurs séances d’entraînement en plein air. Ces derniers, peau bronzée et huilée, muscles bandés, se prêtaient facilement au jeu en s’exhibant et en étalant leur force herculéenne. Finalement, de ce point de vue rien n’avait changé depuis le Muscle Beach des origines. L’endroit demeurait le paradis des egos démesurés, vouée au culte de la santé et du corps parfait.

 

V – Muscle Beach de nos jours.

 

En 1990 et 1991, le site de Muscle Beach a subi de vastes travaux de réaménagement. Sa superficie a quasiment doublé et tout le matériel a été remplacé. Le “Pen” ou “Pit”, désormais appelé le Muscle Beach Weight Pen, a entièrement été refait. Une nouvelle bâtisse logeant les poids, barres et haltères a été construite. L’enclôt délimitant la plate-forme a été changé ainsi que toutes les machines de musculation. Une gigantesque sculpture en béton représentant un haltère a été érigée, devant laquelle un podium bétonné a été installé. Des gradins ont également vu le jour permettant à la foule des badauds d’assister à l’entraînement des culturistes ainsi qu’aux différentes manifestations organisées autour du bodybuilding. Le site s’est enrichi de nouvelles installations sportives de plein air : courts de tennis et de beach volley, terrains de basket ball et de handball, parc de skateboard, aire de jeux pour les enfants, piste de vélo et rollers permettant de rejoindre Santa-Monica.

 

                     le pit   mb-piste-velo.jpg

                       Le Muscle Beach Weight Pen                                         La piste des vélos et rollers

 

 

Au début des années 2000, d’autres travaux ont été accomplis, qui ont permis notamment de rénover la promenade du bord de mer appelé Ocean Front Walk  ou simplement The boardwalk. Récemment encore, le « Pen » a bénéficié d’une rénovation ayant permis d’installer de nouvelles machines et de refaire le sol. C’est que le lieu a gagné en prestige depuis 2003, date à laquelle Joe Wheatley a été chargé par le Département des Parcs et Loisirs de Los Angeles de promouvoir le site en organisant des attractions et des compétitions de bodybuilding[14]. Dorénavant, Muscle Beach accueille de multiples manifestations tout au long de l’année. Des compétitions telles que le Muscle Labor Day, le Mr and Mrs Muscle Beach Competition, le Muscle Beach International Classic ou bien encore le Muscle Beach Championship, réunissent les plus grands culturistes et attirent plusieurs milliers de personnes. Il n’est pas rare d’y croiser tous ceux qui ont fait l’histoire du bodybuilding et de Muscle Beach, d’Arnold Schwarzenegger à Joe Weider en passant par Jack Lalanne, invités d’honneurs chargés entre autres de remettre les médailles, coupes et prix aux concurrents. D’autres manifestations liées au monde du muscle et de la force y sont également organisées : compétitions de powerlifting, de bras de fer, combats de boxe, etc…

 

                                                            csw.jpg

                                                            Arnold Schwarzenegger, Franco Columbu et Joe Weider


 

Le Muscle Beach Weight Pen est toujours aussi prisé. Les simples visiteurs autant que les pratiquants amateurs y côtoient des bodybuilders professionnels venus s’entraîner sous le soleil. La plate-forme de musculation est ouverte tous les jours, de 8h00 à 17h00 du lundi au samedi et le dimanche de 10h à 16h. Il est possible de s’y abonner à l’année pour 150$ ou bien de payer à la semaine ou à la journée pour 50$ et 10 $ (des prix peu élevés eu égard la renommée du lieu).

 

muscle beach   le pit now   sculpture haltere

 

 

Muscle Beach rassemble aujourd’hui une foule bigarrée particulièrement haute en couleur. L’esprit des années 60 tente de survivre à travers les artistes des rues, danseurs, jongleurs, musiciens, peintres et acrobates qui animent l’ « Ocean Front Walk » chaque jour. Les habitants de Los Angeles aiment venir s’y promener le week-end pour profiter du soleil, de la mer et des multiples animations. C’est aujourd’hui une des destinations les plus prisées des Etats-Unis avec Disneyland.

 

ocean-front-jongleur.jpg   ocean front walk   Venicebeachmusic

 

Le lieu attire aussi toujours autant les stars venues d’Hollywood. Certaines d’entre elles fréquentent régulièrement le Gold’s Gym, qui depuis, a déménagé quelques rues plus loin[15]. Des acteurs américains ont même élu domicile à Venice. C’est le cas notamment de Julia Roberts, d’Angelica Huston ou de Nicolas Cage. La proximité des studios de tournage et surtout le cadre de vie (mer et douceur climatique) en fait un lieu de résidence privilégié pour les stars du cinéma.

Mais Venice et Muscle Beach demeurent avant tout le paradis des accrocs de la fonte. Outre le Gold’s Gym et le World Gym[16] ainsi que le Muscle Beach Weight Pen où ils peuvent s’entraîner, ils y trouvent l’indispensable pour adopter le lifestyle des bodybuilders. De nombreux restaurants par exemples proposent désormais des menus entièrement conçus pour les adeptes de la musculation. Omelettes, pooridges, salades, blancs de poulet et de dinde, bœuf dégraissé, tout est disponible pour se concocter un déjeuner respectueux des plans alimentaires stricts qu’impose la pratique de ce sport. On y trouve également divers bars proposant des shakes protéinés ou des boissons énergisantes indispensables avant ou après une bonne séance. Les magasins de compléments alimentaires fleurissent ainsi que ceux de matériel de musculation. Bref, tout un petit univers dédié au culturisme s’est peu à peu créé autour de Muscle Beach depuis plusieurs années et ce petit paradis en fait fantasmer plus d’un. Beaucoup en effet – Américains ou non d’ailleurs – aimeraient s’y installer, pensant pouvoir y vivre leur « rêve américain ». Qu’ils soient bodybuilders amateurs aspirant à devenir un jour professionnels pour vivre de leur passion ou bien entrepreneurs et hommes d’affaires projetant d’y ouvrir un restaurant, une salle de fitness ou un magasin de compléments alimentaires, ou bien encore « beaux gosses » espérant être remarqués pour faire carrière dans le cinéma, tous rêvent de poser un jour leurs valises à Muscle Beach pour y faire fortune, être célèbres… ou les deux à la fois[17].

 

Conclusion

 

Muscle Beach a longtemps été le centre de gravité de l'univers du bodybuilding. C'est là notamment que de nombreuses personnalités ont acquis la célébrité. Le meilleur exemple étant Arnold Schwarzenegger. C'est là que se sont forgées de brillantes carrières et bâtis d'immenses empires financiers. Muscle Beach a été à la fois le réceptacle de toutes les passions et les ambitions ainsi qu'un formidable tremplin pour tous ceux qui comprirent que le culte du corps et de la santé pouvait constituer un business très rentable.

Le moins que l’on puisse dire c’est que l’endroit ne laisse pas indifférent. C'est avec un ton moqueur, voire un certain mépris que Jean-Jacques Courtine évoque Muscle Beach dans un article déjà cité plus haut. Voici la peinture narquoise qu'il en fait: " A Venice, l'un de ces quartiers de Los Angeles qui s'étirent le long de l'océan, les traces des différentes cultures que l'Amérique s'est inventées au cours des trente dernières années se sont regroupées au bord de la plage, en un curieux parc d'attractions. Les débris de la contre-culture des années 1960 et 1970, hippies momifiés et épaves du Viêtnam, y croisent la cohorte des yuppies en mouvement, joggers, cyclistes, patineurs, surfers. La foule des curieux s'y presse. Clou du spectacle: un enclos grillagé, où des corps gonflés de muscles "pompent du fer". Muscle Beach, California: les touristes prennent des photos, les body-builders prennent la pose"[18].

On ne peut nier que Muscle Beach représente tout ce qu'il y a de plus superficiel dans la société américaine. Il est évident que l'exhibitionnisme narcissique y règne peut-être plus que partout ailleurs. On peut sourire à la vue de tant d'individus, imbus de leur corps et s'exposant ainsi sans la moindre modestie. Bien sûr que ce spectacle quasi folklorique frise parfois le ridicule. Bien sûr aussi que cet univers caricatural peut être interprété comme une sorte de représentation hyperbolique du capitalisme où tout n'est que marchandisation et culte de la performance. Certes, il ne faut pas être dupe de tout cela, mais considérer avec une telle condescendance un lieu comme celui-ci n'est pas non plus faire preuve d'une très grande ouverture d'esprit. On peut tout à la fois ne pas se laisser leurrer par le clinquant et le côté artificiel et voir en Muscle Beach rien de moins qu'un lieu de pur divertissement, une aire de jeu à ciel ouvert où tous les comportements les plus fantasques sont permis. Un lieu où il est possible d'abandonner un moment ses préjugés et son attitude trop cérébrale pour se laisser aller aux plaisirs du sport et du corps.

Personnellement je n'aimerais pas vivre à Venice même si le cadre est particulièrement attrayant. Je n'ai jamais vraiment aspiré ni même cru au "rêve américain". En outre je sais pertinemment que cette ambiance "m'as-tu-vu" et cette ostentation corporelle sans le moindre recul finirait par m'exaspérer. Toutefois, je dois avouer que ce lieu exerce sur moi une certaine fascination, comme d’ailleurs tous les endroits quelques peu extrêmes et étranges qui abondent aux Etats-Unis. En tant que passionné de musculation, le lifestyle qui peut être mené là-bas laisse quelque peu rêveur et de ce point de vue je comprends l'engouement suscité par l'endroit.

Quoi qu’il en soit, même si Muscle Beach ne fait pas l'unanimité - notamment parmi ceux qui n'ont jamais touché un haltère -, et malgré le fait qu'il ne soit plus le seul lieu où se pratique le bodybuilding hardcore, il demeure pour certains une sorte de sanctuaire, un mythe autour duquel ils sont nombreux à cultiver la nostalgie. Muscle Beach constitue en définitive un lieu unique et bien vivant qui marquera à jamais l'histoire du culturisme.

 

 

 


[1] Rappelons que malgré une relative libération des corps dans les années 30 et 40, la nudité, même partielle, était encore largement tabou.

[2] Il a d’ailleurs consacré un ouvrage à Muscle Beach intitulé Remembering Muscle Beach, Angel City Press, 1999.

[3] En réalité, les frères Tanny fréquentaient déjà la plage de Santa-Monica dans les années 40 mais c’est dans les années 50 qu’ils rencontrèrent le succès. Vic Tanny ouvrit la plus grande salle de musculation des Etats-Unis – le Vic Tanny’s Gym – où s’entraînaient les plus grands comme Steve Reeves, George Eiferman ou Joe Gold.

[4] Steeve Reeves, acteur et bodybuilder, fut sacré Mr America et Mr Universe. Il est aujourd’hui perçu comme une véritable légende du bodybuilding.

[5] C’est la cas entre autres d’Arnold Schwarzenegger qui découvrit le monde du muscle à travers les portraits de Steeve Reves et Reg Park ou bien encore du catcheur et bodybuilder Seymour Koenig qui a déclaré dans une interview sur internet avoir été marqué, étant adolescent, par les photos de culturistes auxquels il se donna pour but de ressembler un jour.

[6] Au-delà du sourire, in Muscle&Fitness, Février 2006.

[7] Au début des années 60, Dave Draper ouvrit une salle d’entraînement à Santa-Monica. Située en sous-sol, sans fenêtre et bétonnée du sol au plafond, elle fut surnommée  « The Dungeon ». Particulièrement populaire, les bodybuilders lui préfèreront pourtant par la suite la salle de Venice : le Gold’s Gym.

[8] Le « pit » (fosse) ou « pen » (parc) constitue la plate-forme à ciel ouvert sur laquelle ont été installées des appareils de musculation à Muscle Beach. Après s’être entraînés au Gold’s Gym, les bodybuilders aiment se donner rendez-vous sur le « pit » afin d’exhiber leurs muscles en public.

[9] Les documentaires Pumping Iron et Raw Iron: The Making of Pumping Iron relatent très bien le quotidien de ces bodybuilders ayant fréquenté Muscle Beach à cette époque.

[10] La seconde guerre froide débuta en 1975 avec la chute de Phnom Penh et la défaite des Américains au Vietnam ainsi que l’intervention cubaine en Angola.

[11] Cette augmentation du nombre de pratiquants ne cessa de progresser au cours de la décennie suivante. En 1987, aux Etats-Unis, le nombre d'adhérents équivalait à un chiffre d'affaire de13,8 millions de dollars et la plupart des membres de clubs avaient entre 18 et 34 ans. Durant les années 90, le nombre d'adhésions représentait 22,4 millions de dollars, soit une augmentation de 61%. La part des membres de 35 ans et plus augmenta sensiblement.

[12] Jean-Jacques Courtine, Les stakhanovistes du narcissisme, in Communications, n°56, 1993. Le gouvernement du corps. p. 228.

[13] Joe Weider et son frère Ben, décédé récemment, règnent sur le monde du bodybuilding depuis 50 ans. Conseiller sportif, Joe a notamment découvert Arnold Schwarzenegger. Il a également été le co-fondateur de l’IFBB et a créé le concours de Mr Olympia. A la tête d’un empire financier gigantesque il édite plusieurs revues sur le sport et le bodybuilding, est propriétaire de salles et est fabricant de matériel de musculation et de suppléments alimentaires. Adulé par certains il n’en reste pas moins une personnalité très controversée (cf. Serge Nubret notamment).

[14] La tâche était autrefois assurée bénévolement par Bill Howard, considéré comme un vétéran de Muscle Beach.

[15] L’ancien bâtiment du Gold’s Gym existe toujours. Il a été revendu et abrite aujourd’hui une habitation particulière. On peut encore deviner la peinture écaillée de son enseigne sur la façade.

[16] Autre salle de musculation créée par Joe Gold en 1977.

[17] Quelques Français se sont établis à Venice dans cette perspective. C’est le cas notamment de Julien Greaux, ce trentenaire originaire de l’île de Saint-Bathélémy, expert en arts martiaux et en fitness. Installé sur la côte californienne depuis quelques années il espère percer dans le cinéma en tant qu’acteur de films d’action sur les traces d’un certain Jean-Claude Van Damme. Sa carrière peine toutefois à démarrer même s’il multiplie les expériences en tant que mannequin fitness pour des magazines et des marques de suppléments alimentaires.

[18] Op. cit., p.7

L’article du sociologue Jean-Jacques Courtine, par ailleurs très intéressant, est néanmoins fortement à charge contre le bodybuilding. L’auteur fait preuve par moment d’un manque de discernement et use de raccourcis grossiers. C’est le cas notamment lorsqu’il écrit : « Tant d’hypertrophie corporelle ne saurait en vérité aller sans le sentiment d’une atrophie, d’une fragilité psychologique aussitôt déniée dans l’escalade musculaire ». Ainsi, selon Courtine, les pratiquants de la musculation seraient nécessairement des idiots ou des personnes à la psychologie instable. On pouvait difficilement faire mieux dans le cliché.

 

Sources:

Bob Pool, Santa-Monica shows off a restore Muscle Beach, in Los Angeles Times, 2 octobre 1999.

Sean Hyson, Brandon Guarneri, Muscle Paradise ! in Men's Fitness.

Muscle Memory.com

Musclebeach.net

Referenceforbusiness.com

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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 15:36

supplements-alimentaires.jpgLa vente de compléments et de suppléments alimentaires représente un énorme business puisqu’en 2007 elle était estimée à environ 1 milliard d’euros. Il n’y a qu’à voir le nombre de marques qui se partagent ce marché pour comprendre qu’il s’agit là d’une activité juteuse. Pour autant on peut s’interroger sur l’efficacité réelle des produits qui nous sont proposés. A la lecture de certains magazines nous promettant monts et merveilles on pourrait croire qu’il suffit d’avaler 2 ou 3 cachetons pendant 2 mois pour égaler le physique massif d’un Ronnie Coleman ou celui écorché d’un Julien Gréaux. Et apparemment de telles promesses semblent avoir un véritable impact auprès du public eu égard le chiffre d’affaire du marché et les croyances colportées ça et là dans les salles de musculation. Les personnes les plus perméables à ce genre d’argument publicitaire sont évidemment bien souvent les novices débutant une activité de musculation. Loin de moi l’idée de jeter l’anathème sur ces personnes qui ne sont, en définitive, que les victimes de leur impatience à vouloir des résultats rapidement et surtout de leur ignorance en matière de nutrition et de supplémentation sportive. Je me propose donc de dresser ici un petit aperçu des principaux suppléments qui, selon moi, ont un réel intérêt pour la pratique de la musculation. J’ai délibérément choisi de ne pas m’étendre sur le nombre infini de produits présents sur le marché (et toujours renouvelés) qui – toujours selon moi et les multiples conclusions scientifiques que j’ai pu lire – n’ont aucune valeur avérée sinon celle de remplir les poches de laboratoires pharmaceutiques et d’entreprises multinationales aux dents longues.

Avant de commencer il me semble nécessaire de rappeler deux choses qui peuvent paraître évidentes mais qui ne le sont malheureusement pas pour tout le monde :

Précisons tout d’abord que les suppléments disponibles sur le marché légal ne peuvent être apparentés à des stéroïdes comme la légende populaire peut parfois le laisser croire. Ils ne sont pas nocifs pour l’organisme à condition, évidemment, de respecter la fréquence des prises et les doses indiquées. L’ignorance et le manque d’information sur le sujet alimentent, encore aujourd’hui, auprès des non pratiquants de la musculation ou des débutants, des idées reçues erronées. Tout le tapage fait autour de la créatine, longtemps interdite en France et considérée à tort comme produit dopant, n’a pas arrangé les choses à ce sujet. La vue de bodybuilders hypertrophiés pousse également certains à faire des amalgames entre suppléments et stéroïdes. Rappelons donc que les physiques surdimensionnés des bodybuilders professionnels (et de quelques amateurs) sont effectivement le fruit d’une prise de stéroïdes et non le résultat de l’utilisation de suppléments alimentaires. Dommage donc pour les naïfs qui, piégés par la publicité mensongère, croyaient que Ronnie Coleman s’était forgé un corps pareil uniquement à coup de shakes protéinés et de gélules d’huile de poisson…

Il est également important de rappeler que les produits cités ici sont nullement des produits miracles qui peuvent dispenser d’un entraînement sérieux et régulier et d’une alimentation équilibrée et variée. Ils ne sont qu’un supplément apporté à une pratique rigoureuse de la musculation. Il ne faut donc pas s’attendre en les prenant à des résultats musculaires spectaculaires et immédiats. Chez certains sujets, les résultats peuvent même êtres inexistants, car la génétique et le métabolisme de chacun étant différent, l’organisme ne réagit pas toujours de la même manière selon les personnes.

 

Les protéines de lactosérum (Whey)


 

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Description : La whey (qui signifie petit lait en anglais) est une protéine de lait riche en BCAA. Elle a pour caractéristique et intérêt principal de se digérer rapidement et donc de permettre aux muscles d’être vite approvisionnés en acides aminés essentiels à leur construction. On relève principalement trois sortes de whey : la concentrée, l’isolat et l’hydrolysat, les meilleures étant l’hydrolysat et surtout l’isolat. Toutes les marques sur le marché sont à peu près équivalentes en terme d’efficacité. Seuls le goût, la solubilité et la facilité de digestion peuvent varier.

 

Intérêt : Le muscle se construisant à partir d’acides aminés contenus dans les protéines, il est nécessaire d’avoir un apport suffisant de ces dernières. La whey apparaît donc comme une source intéressante indispensable à la prise de muscle. A vrai dire, si on ne devait garder qu’un seul supplément, ce serait celui-ci. Par sa capacité à être absorbée rapidement par les fibres musculaires, la whey constitue un supplément de choix pour reconstruire rapidement la masse musculaire en post effort. Simple et pratique (il suffit de la mélanger à de l’eau et de la boire) elle permet d’ingurgiter sa dose quotidienne de protéines plus facilement. Ce n’est évidemment pas un produit miracle qui permet de faire gonfler les muscles artificiellement mais simplement contribue à la reconstruction cellulaire des fibres. On attribue également un effet amincissant à ce produit qui reste toutefois à prouver (si ce n’est son aspect coupe-faim plus ou moins aléatoire). Sans aucun danger pour la santé, la whey peut être mal digérée par certaines personnes souffrant d’une intolérance au lactose et peut entraîner alors des incommodités (mal de ventre, constipation, flatulences, etc…).

 

Mode d’emploi : Protéine à digestion rapide, la whey est idéale en prise post-entraînement (dans la demi heure suivant la fin de la séance). C’est à ce moment là, alors que le corps est épuisé en nutriments essentiels à la récupération, que la synthèse protéique s’effectue le mieux. Par son côté pratique, la whey est également idéale pour les collations de la journée. Certains préconisent même d’en prendre en pré-entraînement afin d’alimenter le corps en acides aminés tout au long de la séance. Personnellement, j’évite d’en prendre à ce moment là pour éviter la « sensation de ventre plein » qui peut gêner le tonus. Récapitulons : env. 30g après l’entraînement et env. 30 à 60g dans la journée en collation. Attention, la whey ne doit jamais remplacer un vrai repas ! Il ne s’agit pas d’un substitut de repas comme on en trouve dans les régimes hyperprotéinés improductifs et à tendance carentielle.

 

Les protéines de caséine

 

caseine


Description : Comme le lactosérum, la caséine est un des constituants du lait (environ 80%). Elle a pour caractéristique de former des gruaux dans l’estomac que les sucs gastriques ont du mal à décomposer. Cela permet une digestion beaucoup plus lente et donc un apport plus graduel en acides aminés pour les fibres musculaires. La caséine possède les mêmes propriétés que la whey : elle est un bâtisseur de muscles. Il en existe plusieurs formes, la meilleure étant probablement la caséine micellaire.

 

Intérêt : Son intérêt réside essentiellement dans le fait qu’elle permet d’apporter graduellement et durablement des acides aminés à l’organisme.

 

Mode d’emploi : La caséine est la protéine du sommeil par excellence. Sa diffusion lente permet d’éviter le catabolisme tout au long de la nuit. Aussi, le meilleur moment pour en prendre demeure le soir, juste avant le coucher (env. 30 à 50g). Certaines études préconisent de la mélanger avec la whey en post-entraînement pour une meilleure prise de masse. Pourquoi pas… Toutefois, la caséine peut très bien être remplacée par du fromage blanc à 0%. Ce n’est donc pas un supplément indispensable.

 

Les BCAA (Acides aminés branchés ou ramifiés)

 

bcaa


Description : Les acides aminés sont un des composants nécessaires à la construction musculaire et sont contenus dans les protéines. Le corps sécrète des acides aminés mais il en est d’essentiels qu’il ne peut produire et qu’il doit puiser dans les aliments. Parmi ces acides aminés, trois sont particulièrement importants : les BCAA ou plus précisément, la Leucine, l’Isoleucine et la Valine.

 

Intérêt : Les acides aminés sont des bâtisseurs du muscle mais ils ont également une fonction anti-catabolique grâce à leur capacité à freiner l’action néfaste du cortisol. Ils permettent en outre une meilleure récupération post-entraînement.

 

Mode d’emploi : Prendre 5g répartis sur la journée. En pré-entraînement, en post-entraînement et le soir avant le coucher.

 

La glutamine

 

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Description : La glutamine est un acide aminé non essentiel. Elle est présente dans de nombreuses sources de protéines mais elle est aussi sécrétée par l’organisme. Elle participe entre autre à la fabrication de la glucosamine endogène.

 

Intérêt : La glutamine a des vertus réparatrices. Elle est importante dans le cadre de la récupération. En participant à la fabrication de glucosamine endogène elle contribue à la réparation tendineuse et cartilagineuse. Elle freine la dégradation musculaire et en cela est anti-catabolique. Elle favorise l’immunité et prévient du syndrome de surentraînement. On lui prête aussi des vertus ergogéniques qui n’ont jamais été réellement prouvées, bien au contraire1. Même si le corps est capable de produire de la glutamine il semblerait qu’un apport extérieur sous la forme de supplément par exemple permet une plus grande efficacité de cet acide aminé.

 

Mode d’emploi : 5g à 10g par jour en post-entraînement et au coucher.

 

La créatine

 

creatine.jpg


Description : La créatine est certainement le supplément alimentaire le plus controversé. Elle a pendant longtemps été considérée comme un produit dopant et la France a été le seul pays à l’interdire à la vente avant de devoir s’aligner sur les autres pays européen en matière de vente de suppléments. La créatine est composée de  trois acides aminés qui sont l’arginine, la glycine et la méthionine. Elle est présente naturellement dans la viande et le poisson notamment.

 

Intérêt : On prête de nombreuses vertus à la créatine et beaucoup y voit un produit miracle. Il faut toutefois tempérer cette vision angélique de la créatine autant que celle qui en fait le diable absolu. On lui attribue notamment des bienfaits concernant les maladies cérébrales et cardiaques comme la maladie de Parkinson par exemple. Ces allégations ne reposent sur aucune preuve scientifique réelle et s’apparentent plus à des arguments publicitaires qu’autre chose. Plus crédible, la thèse selon laquelle la créatine aurait un effet ergogénique est toutefois contredite par certaines études2. Cette substance permettrait en effet d’obtenir un gain de force non négligeable. Ce gain serait dû notamment à la rétention d’eau que la créatine produit au cœur des fibres musculaires. Notons d’ailleurs que la prise de créatine a tendance à donner une légère illusion de muscles plus gros. En réalité, la masse musculaire reste inchangée mais l’eau en rétention donne cette fausse impression de muscles massifs (volumisation cellulaire). Une fois la cure de créatine terminée, l’eau disparaît et les muscles reviennent à leur taille réelle. La créatine serait également efficace pour lutter contre les anti-oxydant et permettrait donc une meilleure récupération. Là encore il faut prendre ces informations avec la plus grande précaution. Comme on le voit, les effets réels de la créatine demeurent incertains même si de plus en plus d’études auraient tendance à en faire un supplément relativement efficace. Toutefois, le manque de recul ne permet pas de dire aujourd’hui les conséquences d’une prise régulière de ce produit sur le long terme. Certains, enclins à la diabolisation, prétendent qu’elle pourrait avoir des effets cancérigène. Aucune étude sérieuse n’a à ce jour pu démontrer une telle possibilité. Par contre, une surdose de créatine peut entraîner une accumulation de déchets dans les reins susceptibles d’endommager ceux-ci. C’est pourquoi il est conseillé d’espacer les cures, de suivre les doses indiquées et de s’hydrater régulièrement afin d’éliminer ces déchets. Enfin, rappelons que nous sommes inégaux face à la créatine. En effet on estime de 25 à 30% des utilisateurs qui y sont insensibles. Les effets varient chez les individus selon plusieurs facteurs. Les femmes et les personnes plus âgées y sont peu sensibles. On a aussi remarqué que les utilisateurs déjà musclés bénéficiaient plus facilement des effets de ce produit que les personnes peu musclées.

 

Mode d’emploi : La créatine ne doit pas se prendre sans discontinuer. Le mieux étant de faire 2 à 3 cures par an durant les phases de prise de force par exemple. L’effet de la créatine s’amenuisant dans le temps, il n’est pas nécessaire d’en prendre sur une longue période. Des cures de 3 à 5 semaines sont suffisantes. Prendre donc 2 à 5g de créatine avant et après la séance. Certains préconisent de combiner créatine et glucides pour de meilleurs résultats. A noter qu’étant donné la qualité bien meilleure des créatines actuelles il n’est plus nécessaire aujourd’hui d’effectuer une phase de charge (prises en grande quantité sur une période donnée) en début de cure.

 

L’arginine

 

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Description : Il s’agit d’un acide animé à partir duquel le corps fabrique de l'oxyde nitrique (NO), une substance qui favorise la dilatation des vaisseaux sanguins. On parle alors de « booster de NO ». Elle permettrait également d’accroître la production d’hormone de croissance (GH) qui participe à la prise de muscle et la perte de graisse.

 

Intérêt : Le rôle de l’arginine dans la production de GH n’est pas clairement établi. Par contre son effet vasodilatateur est de plus en plus mis en avant. La vasodilatation des vaisseaux sanguins est un phénomène intéressant pour le bodybuilder pour plusieurs raisons. Elle permet tout d’abord une meilleure congestion des muscles qui, au niveau psychologique est assez motivant pour le sportif. Mais surtout, la vasodilatation permet un afflux de sang plus important dans les veines et donc un apport accru de nutriments et d’oxygène dans les muscles. En clair, elle permet aux protéines de parvenir plus vite et plus facilement aux fibres musculaires.

 

Mode d’emploi : 5 à 10g d’arginine par jour, avant ou pendant l’entraînement.

 

Les vitamines

 

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Description : Les vitamines sont des substances essentielles au bon fonctionnement du métabolisme. Celles que tout sportif se doit d’avoir en quantité suffisantes sont les vitamines C, D, E et la plupart des B, sans compter le chrome, le zinc et le cuivre.

 

Intérêt : Pour faire face à des entraînements répétés et éreintants aussi bien pour le corps que pour le mental, il est nécessaire que l’organisme dispose de vitamines en nombre suffisant. Les vitamines sont des anti-oxydants participant au processus de récupération (notamment la vitamine E). En effet, elles luttent contre les radicaux libres secrétés par le corps lors d’un stress oxydatif et qui endommagent les cellules. Dans le cadre d’un régime restrictif, les suppléments en vitamines permettent d’éviter les carences dues à une nourriture peu variée. Toutefois, il n’est pas nécessaire d’ingurgiter un nombre astronomique de pilules car le corps est incapable de synthétiser un nombre trop important de vitamines. Les vitamines non synthétisées sont expulsées du corps par les urines.

 

Mode d’emploi : 1 à 2 pilules multivitaminées par jour.


La glucosamine et la chondroïtine

 

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Description : La glucosamine est un glucide fabriqué par le corps à partir du glucose et de la glutamine. Elle est notamment un constituant essentiel des carapaces de crustacés. La chondroïtine est présente naturellement dans les cartilages et les os.

 

Intérêt : La recherche n’a pas fini d’étudier ces deux substances et leur rôle exact dans le corps humain. Toutefois, il semblerait que, prisent sous forme de suppléments, elles favoriseraient un léger renforcement des articulations en permettant une meilleure lubrification du liquide synovial (glucosamine) et une réparation du cartilage (chondroïtine). La glucosamine et la chondroïtine n’ont pas à proprement parlé d’effet guérisseur. Leur action aurait plutôt un effet sur le long terme ce qui en fait des suppléments préventifs plutôt que curatifs.

 

Mode d’emploi : 1 à 2g de glucosamine et 1g de chondroïtine par jour.


Les gainers

 

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Je ne m’étendrai pas sur les gainers dont le but est de prendre de la masse. Plus ou moins dosés en glucides et en protéines ils sont généralement destinés aux personnes de type ectomorphes (qui ont du mal à grossir). Malheureusement de nombreux témoignages d’utilisateurs indiquent que ces produits font effectivement grossir mais qu’ils entraînent plus une prise de graisse qu’une prise de masse sèche.

 

La carnitine

 

carnitine

 


Concernant la Carnitine, je ne m’attarderai pas non plus. Cette molécule favoriserait le transport des acides gras vers les cellules afin de servir de carburant énergétique. Elle aurait donc un rôle anti-graisse. Toutefois, son apport sous forme de supplémentation n’implique pas forcément une amélioration de son effet dans le cadre d’une perte de poids. Les études à ce sujet sont très contradictoires. L’efficacité de la carnitine est donc très hypothétique.

 

whey2.jpgOn ne le répètera jamais assez : tous ces produits, plus ou moins efficaces ne sont en rien des remèdes miracles qui dispensent d’un bon entraînement, d’une alimentation équilibrée en adéquation avec son activité et d’une hygiène de vie irréprochable. Avant de se jeter dessus, à la joie des fabricants avides et parfois peu scrupuleux, mieux vaut d’abord élaborer un plan alimentaire sérieux que l’on suivra scrupuleusement (je parle ici essentiellement des néophytes ayant moins d’un an de pratique). Il faut tout de même savoir que malgré la qualité de ces produits rien ne remplacera jamais la qualité nutritionnelle des aliments naturels. Et en musculation, peut-être plus qu’ailleurs, la plus grande qualité d’un pratiquant souhaitant progresser est la patience. Il ne faut donc pas céder au chant des sirènes qui vous promettent l’impossible ni à la tentation des poudres de perlimpinpin qui jamais ne feront le boulot à votre place. Si vous voulez des résultats, si vous voulez des muscles, c’est sur vous seul que vous pourrez compter. Certes le chemin sera plus long et plus difficile mais il sera plus sûr. Alors à vos haltères !

 

1M.D. Haub, J.A. Potteiger, K.L. Nau, M.J. Webster, C.J. Zebas, Acute L-glutamine ingestion does not improve maximal effort exercise, J Sports Med Phys Fitness. 1998 Sep;38(3):240-4.

J.R Thistlethwaite, Scott C. Swanson, Barry W. Scheuermann., The Effects Of Glutamine On Muscle Strength And Body Composition, Medicine & Science in Sports & Exercise. May 2005; Volume 37 - Issue 5 - p S45.

 

2M.J. McKenna, J. Morton, S.E. Selig, R.J. Snow, Creatine supplementation increases muscle total creatine nut not maximal intermittent exercise performance, J Appl Physio!, 1999, 87:2244-52.

 

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31 décembre 2009 4 31 /12 /décembre /2009 11:42

 

Il est des légendes tenaces et le domaine de la musculation en compte beaucoup. Nombre de néophytes (mais pas seulement), ont des idées reçues concernant ce sport. On citera parmi elles la croyance selon laquelle la prise de muscle se fait pendant l’entraînement et non après, lors de la période de récupération. 6womenUne autre légende très répandue affirme qu’une femme qui exercerait ses biceps avec des haltères de 2 kilo une fois par semaine risquerait de devenir un monstre difforme aux bras qui feraient pâlir d’envie LeePriest (ce qui explique en partie le nombre peu élevé de femmes sur les plateaux de musculation et les regards interrogatifs voire hostiles qu’accorde bêtement à ces dernières la gente masculine). On peut également citer les à priori concernant les protéines en poudre considérées comme une solution miracle par certains ou assimilés à un produit dopant par d’autres. Bref, il faudrait des pages entières pour recenser le nombre infini des légendes entourant la pratique du bodybuilding.

Outre ces légendes, il existe des habitudes fortement ancrées dans la pratique sportive que rien ne semblerait ébranler. Certes ces habitudes s’appuient sur des expériences et des résultats parfaitement fondés (contrairement aux légendes citées plus haut) mais pour la majorité des sportifs il est difficile de les remettre en cause ou de leur opposer des alternatives.Une de ces habitudes concerne la pratique sportive dans le but de perdre du poids. Rassurez-vous, contrairement à un numéro récent du Time qui titrait « Faire de l’exercice ne vous fera pas maigrir »1 ,je ne remettrai pas en cause ici l’évidente nécessité d’augmenter son activité physique pour compenser son apport calorique. Non, ce sera plutôt sur la manière de pratiquer cette activité physique que s’effectuera cette remise en cause.

poidsPrenez n’importe quel pratiquant en salle, voire certains coachs et demandez-leur quelle est la meilleure manière de perdre de la graisse en faisant du sport. A coup sûr, ceux-ci vous répondront qu’il faut pratiquer un exercice de cardio sur une longue durée et en adoptant une vitesse réduite. Ce modèle d’entraînement fondé sur des séances longues à faible intensité en vue de faire maigrir a, en effet, longtemps régné en maître dans le monde du sport en général et celui de la musculation et du fitness en particulier. Pourtant, depuis quelques années il est largement remis en cause par de multiples conclusions d’expériences scientifiques au profit d’un autre modèle fondé, au contraire, sur une activité courte et intensive.Mais alors, une question s’impose : quelle est la meilleure des deux méthodes à adopter pour perdre du poids ?

 

L’activité de basse intensité

cardio2L’activité de basse intensité, consistant par exemple à courir à une vitesse modérée pendant plus de 40 minutes, permet de brûler les graisses. En fait, pour simplifier, il faut savoir qu’au début de l’effort physique l’organisme va puiser son énergie dans les stocks de glycogène, mais ces stocks s’épuisant vite, il doit faire appel aux stocks de lipides dès que l’effort se prolonge (à partir de 40 minutes d'effort, l’utilisation des lipides est multipliée par 5). Ces lipides se situent essentiellement dans les tissus adipeux. Les sports d’endurance sont donc efficaces pour perdre du gras.

Toutefois, concernant la musculation, la pratique du cardio sur une longue durée et en basse intensité n’est pas vraiment recommandée. Pourquoi ? Tout d’abord, parce que lors d’un effort trop prolongé, l’organisme en situation de stress produit des hormones cataboliques telle que le cortisol, particulièrement néfastes à la prise de muscle. Ensuite parce qu’en prolongeant l’activité physique, on épuise les réserves en glucides et en lipides, obligeant l’organisme à puiser dans les protéines. Survient alors une phase catabolique, ce qui revient à dire que les muscles deviennent directement une source de carburant pour soutenir l’effort.

 

L’activité d’intensité élevée

Durant l’effort en haute intensité et sur une courte durée, l’organisme puise essentiellement son énergie dans les réserves de glycogène et bien moins dans les graisses. Pourtant, cette méthode d’entraînement permet de brûler plus de calories. En effet, plusieurs chercheurs ont constaté qu’après une séance d’intensité élevée, la combustion des calories pouvait se prolonger durant plus de 12 heures2. L’activité de haute intensité permettrait donc d’augmenter le métabolisme basal. Or, qui dit métabolisme basal élevé, dit consommation calorique quotidienne élevée et donc perte de poids (si accompagné évidemment d’un contrôle des apports caloriques journaliers). C’est également ce qu’affirme Bruno Lacroix, expert en physiologie et nutrition quand il écrit : « L’exercice d’intensité élevée diminue le dépôt de graisse corporelle dû à une augmentation du métabolisme énergétique post-exercice, obtenu par des facteurs thermogéniques et des perturbations homéostatiques importantes, comme l’élévation des lactates sanguins, des catécholamines et des hormones anaboliques »3.

Résumons : l’activité de haute intensité brûle moins de graisse mais permet la combustion de plus de calories que l’activité de faible intensité. Voyons un cas précis : Admettons que vous brûlez 200 calories lors d’une séance de cardio d’une heure à vitesse moyenne. 90% de ces calories brûlées proviennent des graisses du tissu adipeux. C'est-à-dire que 180 calories brulées ont pour origine la masse graisseuse et les 20 restant viennent d’autres sources. Admettons à présent que lors d’une séance d’interval-training (séance plus courte mais plus intensive consistant à alterner sur de brèves périodes course rapide et récupération) vous dépensez 300 calories (rappelez-vous qu’on perd plus de calories en haute qu’en basse intensité). Sur ces 300 calories, 75% proviennent des graisses (soit moins qu’en intensité basse). Donc, 225 calories ont pour origine le tissu adipeux et 75 ont une autre origine. En conclusion, l’activité d’intensité élevée permet de brûler plus de calories et donc de réduire plus conséquemment la masse grasse que l’activité d’intensité peu élevée.

girl fit2Une étude datant de 1997 montrait déjà les bienfaits de l’activité d’intensité élevée. J’attire particulièrement l’attention des femmes sur les conclusions de cette expérience scientifique et notamment celles qui, dans les clubs de gym, fuient les haltères comme la peste et considèrent le banc de développé couché comme un objet de torture pour mâles stéroïdés. Il apparaîtrait en effet que la pratique de la musculation chez les femmes serait bien plus efficace pour perdre de la masse grasse que les activités de cardio4. Le muscle a un fonctionnement métabolique très élevé qui nécessite une grande consommation de calories. La prise de muscles permet donc d’élever le métabolisme basal et donc de brûler plus de graisses. Si seulement elles savaient ça !

 

Quelle méthode choisir ?

A vrai dire, il semble difficile de départager les deux méthodes d’entraînement qui, toutes deux, s’avèrent efficaces pour perdre de la masse grasse. En fait tout dépend des objectifs que l’on se fixe mais probablement la meilleure solution serait de combiner les deux. En effet, il faut toujours garder à l’esprit que la routine est la pire des choses si on veut progresser. Notre corps a une capacité d’adaptibilité naturelle nécessaire à sa survie. Aussi, il faut sans cesse le surprendre en modifiant sa méthode d’entraînement. On s’est rendu compte, par exemple, qu’un entraînement uniquement effectué en endurance obligeait l’organisme à s’adapter et à constituer des réserves de graisses toujours plus difficiles à perdre pour faire face au stress d’effort prolongé. Pour maximiser ses chances de perdre de la masse grasse, il est donc préférable d’alterner séances en haute intensité et séances en intensité réduite. Concernant les séances d’intensité élevée appliquées aux exercices de cardio (course à pied, vélo, stepper, etc…), la technique de l’interval training (High Intensity Interval Training) est recommandée. cardio intervalIl s’agit d’aligner périodes de sprints et périodes de repos. Par exemple dans une séance de 20 mn de course à pieds à vitesse modérée on effectuera 5 sprints de 20 à 60 secondes. Durant ces sprints il est recommandé de ne pas atteindre son maximum de vitesse au risque de ne pas tenir le rythme et d’abandonner avant la fin de la séance.

muscu.jpgPour les pratiquants de la musculation dont l’objectif est de perdre de la masse grasse sans perdre de muscles, la méthode de travail à haute intensité paraît la mieux adaptée. En effet, comme on l’a vu, contrairement au travail d’endurance sur une longue durée, elle permet d’éviter que l’organisme n’aille puiser son énergie dans le muscle. Avec cette méthode, le bodybuilder est donc à l’abri du catabolisme. Pour le travail en cardio, il pratiquera la technique de l’interval training (plutôt les jours sans musculation) et concernant les séances de musculation il privilégiera les super-sets avec charges lourdes et temps de repos réduits entre les séries.

Pour prendre à rebours un certain mot d’ordre charlatanesque devenu malheureusement célèbre, dans le cadre du sport et plus spécifiquement dans le but de perdre du poids, le conseil serait : travailler moins avec intensité pour gagner plus de résultats.

 

 

1John Cloud , Why exercise won't make you thin, Time Magazine, 9 août 2009.

2Shuenke MD, Mikat RP, Mc Bride JM, Effect of an acute period of resistance exercise on excess post-exercice oxygen consumption: implications for body mass management, European Journal of Applied Physiology, Mars 2002, vol. 86, no5, pp. 411-417.

3Bruno Lacroix, Mettre de l’intensité à l’exercice, in Le Monde du Muscle et du Fitness, Octobre 2009, Hors-Série N°302, pp. 40-42.

4Bryner RW, Toffle RC, Ullrich IH, Yeater RA, The effects of exercise intensity on body composition, weight loss, and dietary composition in women, in Journal of the American College of Nutrition, 1997, vol. 16, no1, pp. 68-73.

 

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28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 16:39

 bodybuilding-diet-plan-1.jpgL’alimentation est fondamentale dans la pratique de la musculation. On peut dire qu’elle intervient à 60% dans le succès ou l'échec des objectifs que peut se fixer un bodybuilder. Aussi, cette alimentation doit être considérée avec le plus grand soin, ce qui implique d’élaborer un programme alimentaire particulier à suivre avec rigueur. Je souhaite toutefois insister ici sur le fait qu’il n’est pas nécessaire au néophyte, voire au pratiquant régulier, d’appliquer les méthodes utilisées généralement par les bodybuilders professionnels ou de compétition en matière de nutrition sportive. Ces derniers se doivent de suivre un protocole très strict et très restrictif afin de se présenter au meilleur de leur forme (dans les deux sens du terme) le jour de la compétition venu. Ces protocoles alimentaires ne conviennent pas à tous et surtout sont beaucoup trop contraignant pour qui ne souhaite pas forcément devenir un jour Mr Univers ou Mr Olympia. Rassurons-nous, on peut atteindre un physique musculairement très développé sans suivre à la lettre la composition de chaque repas effectué par un Jay Cutler ou un Markus Rhul (sans compter que le physique de ces athlètes n’est malheureusement pas dû à la seule ingestion de protéines en grande quantité…). Aussi, j’ai toujours trouvé ridicule de voir que, dans les salles de gym ou les divers forums de discussion sur internet, des pratiquants de la musculation (du dimanche) perdaient leur temps à peser leurs aliments ou à calculer le nombre de calories ingurgitées dans la journée. Outre le fait que, comme je viens de le dire, ça n’a pas grande utilité quand on ne fait pas de compétition, c’est une occupation tellement fastidieuse et contraignante que, généralement, la personne qui s’y adonne finit vite par laisser tomber au bout de quelques semaines, voire quelques mois. Il est donc préférable de se contenter d’observer quelques règles simples mais fondamentales en matière de nutrition sportive que je me propose d’exposer ici.


Avant tout il ne faut jamais perdre de vue que le programme alimentaire du pratiquant de la musculation ne doit pas s’apparenter à un régime mais plutôt à une hygiène de vie. Il s’agit surtout d’apprendre à manger autrement pour s’assurer un apport de nutriments essentiels au contrôle du poids (en prendre ou en perdre) et à la prise de muscles. Un régime signifie généralement restrictions, frustrations et déséquilibres alimentaires qui conduisent forcément à des carences et des contraintes psychologiquement difficilement surmontables. Le programme alimentaire du sportif doit au contraire s’appuyer sur une recherche de l’équilibre nutritionnel en adéquation avec son activité physique intense et surtout sur la transformation des habitudes alimentaires, seule manière d’éviter la sensation de manque et de frustration.

10 règles essentielles

Règle n°1 : Adapter son alimentation à son activité. Les jours d’entraînement il est important de s’alimenter plus que les jours où l’on ne s’entraîne pas. Attention, plus ne signifie pas manger tout et n’importe quoi.

Règle n°2 : Manger varié et équilibré et savoir se faire plaisir de temps en temps en faisant des écarts (toujours en petite quantité). Privilégier les écarts plutôt dans les périodes où on s’entraîne activement et pas quand on reste affalé dans son canapé.

Règle n°3 : Favoriser les protéines pour la prise de muscle. Les protéines contiennent des acides aminés essentiels à la reconstitution du tissu musculaire et donc à la prise de muscle.

Règle n°4 : Savoir gérer sa prise de glucides. Il existe en gros 2 types de glucides : ceux à Indice Glycémique (IG) haut (sucre, pain blanc, confiture, fruits, bonbons…) et ceux à IG bas (riz complet, pâtes complètes, pommes de terre…) Privilégier les premiers juste après l’entraînement et les seconds avant l’entraînement. Réduire fortement (voir bannir complètement) les deux en fin de journée et avant de se coucher.

Règle n°5 : Bannir les mauvais lipides et réduire les bons lipides. Attention, réduire ne signifie pas ne pas en manger du tout. Les lipides sont essentiels entre autres à la production de testostérone, à l’entretien des articulations et à la protection des organes vitaux. Ils constituent également une réserve d’énergie nécessaire à la production d’ATP. Privilégier les lipides tels que l’huile d’olive, l’huile de colza, la graisse de poisson, les oléagineuxs (noix, amandes, noisettes, etc…)

Règle n°6 : Manger au minimum 4 à 5 fois par jour en petites quantités à chaque fois. Il s’agit d’ajouter aux 3 principaux repas de la journée (matin, midi, soir), une ou deux collations (une à 10h30 et l’autre à 16h30 par exemple ou une à 15h et l’autre à 18h si le matin on se lève tard). Manger plusieurs fois dans la journée aide à perdre du poids car le métabolisme est alors sans cesse activé (mastication-digestion) et qui dit métabolisme en action, dit métabolisme plus rapide et donc absence (ou presque) de prise de poids. Manger plusieurs fois ne signifie pas non plus grignoter, ce qui implique de bannir les cochonneries de type barres chocolatées (type Mars, Twix…), Chips, gâteaux en tous genres.

Règle n°7 : Boire beaucoup d’eau (2 litres par jour). Réduire au maximum l’alcool (un peu de bière et de vin de temps en temps mais surtout pas à tous les repas et en petite quantité). Fuir les gâteaux apéritifs (avec l’alcool ils forment un cocktail explosif pour entretenir les « poignées d’amour »). Privilégier les aperos frais (à base de légumes, d’hummous et de fromage blanc à 0% par exemple).

Règle n°8 : Faire du cardio (course à pied, vélo, etc…) au minimum 45min 3 fois par semaine.

Règle n°9 : Eviter de se peser tous les jours. Le meilleur révélateur de la perte de graisse ou la prise de muscles demeure le simple fait de se jauger dans le miroir.

Règle n°10 : Etre patient. Plus la perte de poids se fait rapidement plus il y a de chance de reprendre ce poids quelques mois après. La perte de poids doit s’effectuer dans la durée. Concernant la prise de muscles c’est la même chose. Il faut être patient et régulier dans ses entraînements. Il faut aussi être concentré pendant l’entraînement, s’appliquer à faire des mouvements corrects, se concentrer sur ses muscles et sur la contraction musculaire (la relation muscle/cerveau est scientifiquement prouvée). La prise de muscles peut être plus ou moins lente chez les individus car le facteur génétique ne doit pas être ignoré mais si on s’applique à s’entraîner sérieusement les résultats surviennent toujours un jour ou l’autre.

Des aliments et des nutriments à privilégier

Protéines :

blanc de pouletViandes. Toutes les viandes sont bonnes car riches en protéines. Toutefois dans le cadre d’une perte de graisse il faut absolument privilégier les viandes blanches (blanc de poulet, blanc de dinde…) En ce qui concerne le poulet rôti il faut éviter de manger la peau. Concernant la viande rouge (riche en fer et en créatine) on préfèrera les morceaux les plus maigres comme le Rumsteck (certes un peu cher) ou bien la viande de bœuf hachée à 5% de MG.


poissonPoissons et crustacés. Tous les poissons sont bons et riches en protéines. Le gras du saumon ne doit pas effrayer car c’est du bon gras (plein d’Omega3 par exemple). A savoir : le thon en boite est excellent car pour 100g il contient près de 30g de protéines ! Les crustacés sont également riches en protéines et en vitamines.



fromage-blanc.jpgFromage blanc à 0 %. Le fromage blanc à 0% est, comme son nom l'indique, pauvre en graisses et extrêmement riche en protéines. La caséïne qu'il contient permet une diffusion lente des protéines dans l'organisme ce qui en fait un met idéal avant de se coucher.




milkLait
. Préférer le lait écrémé ou demi écrémé au lait entier, trop gras.                                                               




eggsŒufs. Préférer le blanc d’œuf au jaune. Manger le jaune n’est pas à proscrire mais en petite quantité. Le jaune contient autant de protéines que le blanc mais il contient aussi du gras et du mauvais cholestérol (les scientifiques ne sont pas d’accord là-dessus d’ailleurs). Manger 4 à 5 blancs d’œuf le matin permet de casser le catabolisme de la nuit et fournit au corps des protéines de bonne qualité dès le réveil.


soja.jpgSoja
. Notons que jusqu’à très récemment le soja était mal vu dans le milieu du bodybuilding en raison de sa teneur en phytoestrogènes (prochent des oestrogènes féminins) et donc suspecté de réduire la production de testostérone. De nouvelles analyses ont depuis infirmées ce présupposé.




Glucides à IG haut :


fruits.jpgFruits. Tous les fruits sont bons. Toutefois dans le cadre d’une perte de poids il ne faut pas en abuser car ça reste du sucre. A consommer plutôt aussitôt après l’entraînement.
Pain blanc. Contrairement à ce que l’on croit, le pain blanc à un indice glycémique assez élevé. A consommer avec modération et plutôt en post-entraînement.


pommes-de-terre.jpgPommes de terre.





pates.jpgPâtes
. Les pâtes blanches ont un IG moyen. A privilégier (en petite quantité) après l’entraînement. A bannir le soir.





riz.jpgRiz blanc. Idem que les pâtes blanches.






fruits-secs.jpgFruits secs
. Un concentré d'énergie pour les portifs. Efficace pour alimenter les stocks de glycogène.






Glucides à IG bas ou moyen :


oatmeal.jpgFlocons d’avoine. Idéal pour le petit déjeuner, il permet de constituer une bonne réserve de glucides avant une longue séance de musculation.





riz-complet.jpgPâtes et riz complet
. Parfaits pour reconstituer les stocks de glycogène et permettre une bonne récupération en post-entraînement.





patates-doucs.JPGPatates douces.





pain-complet.jpgPain complet.






Lipides
(toujours en petites quantités):

huile-olive.jpgHuile d’olive. Une source de vitamines et d'acides gras essentiels (Omega-9).






colzaHuile de colza
. Riche en Omega-3.






graisse-poisson.jpgGraisse de poisson
. Contrairement à la graisse de viande, la graisse de poisson est bénéfique pour la santé. Il ne faut donc pas hésiter à manger toute sorte de poissons, même les plus gras (saumon, truite, etc...). Il existe également de l'huile de poisson commercialisée sous forme de gélules, mais rien ne vaut une bonne dorade grillée, une belle truite en papillotte ou d'appétissants sushis !


noix-amandes.jpgNoix, amandes, noisettes
.






olives.jpgOlives
.






Autres aliments :


legumes.jpgFaire le plein de légumes ! Les légumes sont essentiels. Trop de sportifs font l’impasse sur les légumes. Ils sont pourtant riches en vitamines, en minéraux et en fibres (les fibres sont importantes dans la digestion. A ne pas négliger quand on veut maigrir donc). De plus la plupart ne contiennent pas de lipides et très peu de glucides. On peut donc en manger en quantité sans problème (sans sauce grasse évidemment). On privilégiera peut-être les légumes riches en protéines et en anti-oxydants comme les lentilles, les fèves, les haricots rouges et verts, les brocolis, les tomates et les asperges.

Des aliments à bannir, de nouvelles habitudes à acquérir

Si l’être humain a besoin d’une nourriture variée et doit donc manger de tout, il est des aliments que le sportif soucieux d’être en forme, de s’assurer un état physique capable de supporter une séance de sport et soucieux de préserver sa ligne (que ce soit en phase de sèche ou de prise de masse), doit éviter à tout prix de manger. Evidemment quelques écarts de temps en temps ne sont pas interdits, à condition qu’ils restent des exceptions et dans des proportions raisonnables.

CharcuterieChabberthamburgerkebab
Voici donc une liste non exhaustive de produits et d’aliments qu’il est souhaitable de bannir ou du moins de réduire à la portion congrue : Crème fraîche, beurre, gâteaux, barres chocolatées, gâteaux apéritifs, sodas, alcool, viandes trop grasses, charcuterie, frites, beignets (tout ce qui est frit en général), pizzas, kebab, hamburgers, mayonnaise, crèmes glacées (privilégier les sorbets occasionnellement), tous les plats en sauce grasse en général, etc…

pesticides   LES-PLATS-CUISINES-HAUT-DE-TG-01  ravioli 057

L’idéal est évidemment d’éliminer la nourriture industrielle comme les plats préparés par exemple pour la remplacer par les produits bio et naturels. Toutefois, il est vrai que ces produits demeurent chers et encore réservés à une minorité de privilégiés. Mais si on n’a pas les moyens d’acheter de tels aliments, il est toutefois possible d’en éviter certains, particulièrement nocifs pour la santé et contre-productifs en matière d’entraînement sportif. Il est possible par exemple, de cesser d’acheter des yaourts industriels en guise de dessert et de les remplacer par des fruits frais ou bien d’arrêter de manger des boîtes toutes prêtes et de favoriser les légumes frais ou surgelés. En général de toute façon, il faut garder à l’esprit qu’il est toujours préférable de préparer soi-même ses plats à l’aide de produits frais plutôt que d’acheter des sachets ou des boîtes de produits déjà préparés. C’est la meilleure façon de savoir exactement ce que l’on mange, de réduire l’ingestion de produits chimiques de toutes sortes et surtout de retrouver les vraies saveurs des aliments. Bien sûr cela exige d’avoir du temps pour préparer ses repas mais là encore ce n’est qu’une question d’habitudes et d’organisation. Et puis après tout il faut savoir ce que l’on veut, non ?

Les différents repas et collations de la journée

Le matin (avant l’entraînement) manger des glucides à IG bas en priorité et des protéines. En guise d’exemple, voici mon petit-dej journalier :
- 4 blancs d’œuf et parfois un entier
- Des céréales (Special K) avec du lait demi-écrémé
- Une tasse de café avec un demi sucre
- 2 tranches de pain complet avec de la confiture allégée
- Parfois un jus de fruit

Le repas ou la collation post-entraînement sont les plus importants. En effet dans les 30 min à 1h qui suivent la séance se produit ce qu’on appelle une « fenêtre anabolique ». C'est-à-dire que le corps est alors appauvri en nutriments et va se comporter comme une éponge absorbant efficacement tout ce qu’on lui donne. C’est donc à ce moment là qu’il faut privilégier :
1) L’apport en protéines. La période post-entraînement est celle où l’organisme est le mieux disposé à assimiler les acides aminés pour reconstituer les tissus musculaires micro-déchirés par les exercices qu’on leur a fait subir. Il faut donc lui fournir des protéines de manière à produire plus de muscle.
2) L’apport en glucides. En post-entraînement les glucides (à IG haut bien sûr) sont essentiels pour 2 raisons principales : faire augmenter le pic d’insuline (nécessaire pour apporter les acides aminés aux muscles et faire baisser le taux de cortisol qui freine la prise de muscle), reconstituer le réservoir de glycogène nécessaire à l’ATP. Personnellement, après l’entraînement je prends donc de la whey (protéines en poudre plus rapidement assimilable par les muscles que tout autres protéines naturelles) et du jus de raisin (jus le plus concentré en sucre). Il est possible également de prendre du dextrose (sucre le plus rapidement assimilable par le sang). Attention, cette collation post-entraînement ne doit pas remplacer un repas normal. 1h à 2 h après il est recommandé de faire un repas normal riche en protéines et en glucides (blanc de poulet + pâtes complètes ou poisson + riz + brocolis par exemple).

L’après-midi, afin d’éviter le catabolisme et donc que les muscles servent de carburant, il est nécessaire de prendre une ou deux collations. On peut par exemple manger un sandwich de poulet, de thon ou de maquereau avec un peu de fromage blanc à 0% ou un fruit.

Le soir il faut privilégier les légumes et toujours les protéines et éviter les glucides, à moins d’être en prise de masse ou de prévoir une grosse séance d’entraînement le lendemain matin.

Avant de se coucher, enfin, il faut préparer l’organisme à subir un long jeûne, inévitable pendant la nuit. A noter pour l’anecdote que nombreux bodybuilders professionnels ou de compétition se lèvent pendant la nuit pour ingurgiter un shake de protéines afin de casser le processus catabolique qui s’opère alors. Sans en arriver là, il est prescrit de se remplir l’estomac avant de se coucher afin que le corps puisse continuer à puiser des nutriments pendant le sommeil. « Se remplir l’estomac » est évidemment une façon de parler car il faut éviter de trop manger avant de se coucher pour s’assurer une bonne qualité de sommeil. On préconisera donc de prendre du fromage blanc à 0% (un bol suffira).
 

nutrition landingPour conclure, rappelons une fois encore que le pratiquant de musculation ne doit pas s’imposer de régime mais simplement changer ses habitudes alimentaires et adapter son apport en nutriments en fonction de son entraînement et de ses objectifs. Il ne s'agit en aucun cas de s'autoflageller ou de s'imposer une punition. Manger doit rester quelque chose d'agréable et de naturel. Il n'est donc pas nécessaire de s’imposer un plan alimentaire draconien réservé aux seuls bodybuilders participant à des compétitions. Il est toutefois impératif de suivre scrupuleusement quelques règles alimentaires fondamentales sans lesquels les heures passées en salles à multiplier les exercices ne seraient d’aucune efficacité réelle.

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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 18:02

Voici quelques uns des bodybuilders et des mannequins fitness qui m’inspirent et dont j’admire la beauté plastique soit par l’harmonie de leur musculature, soit par l’importance de leur masse musculaire, soit par la beauté de leur silhouette et de leur allure, soit pour tout ça à la fois.

 

Commençons par le « numero uno », « le chêne autrichien », le roi incontesté du bodybuilding, celui qui a permis que ce sport accède à une notoriété internationale et qui a fait rêver plus d’une génération de pratiquant (ou non) de la musculation : Arnold Schwarzenegger.

Une ligne magnifique, des proportions incroyables, des pectoraux et des bras énormes !

 

 

Serge Nubret demeure un modèle absolu pour moi. Une plastique de Dieu grec. Des épaules larges et une taille incroyablement fine. Des pectoraux denses et un dos magnifique.

 

 

Dans le même style, Frank Zane arbore lui aussi un physique digne d’une sculpture de Michel-Ange. Peu de masse musculaire pour un bodybuilder mais une ligne quasi parfaite et des proportions inouïes.

 

 

Stan Mcqay n’a pas une masse musculaire particulièrement développée pour un bodybuilder (tout est relatif évidemment) mais il possède un physique somme toute exceptionnel sur le plan esthétique. Sa symétrie et l’harmonie de sa musculature en font un athlète et un modèle de tout premier ordre.

 

 

Si je devais choisir un bodybuilder actuel avec une masse musculaire impressionnante mais surtout un physique très équilibré et une ligne générale magnifique, je citerais Josh Halladay.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je terminerai par celui qui, peut-être, m’inspire le plus. Certainement parce que son physique semble plus à la portée de tous, ou presque (au prix évidemment d’un entraînement sérieux, d’une alimentation calibrée et d’une volonté de fer). Kane Sumabat est un mannequin fitness, ce qui ne l’empêche pas de présenter un physique massif assez volumineux qui n’a rien à envier à certains bodybuilders. La beauté de ses muscles et de son allure générale en fait un des plus beaux modèles de sa génération. Ses vidéos (Train insane with Kane) sont particulièrement motivantes.

 

 

 

Encore un long chemin à parcourir...

 

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