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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 08:38

 

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Après la disparition du « pape du fitness » Jack Lalanne en janvier dernier, voici que le monde du muscle et du bodybuilding vient de perdre une autre grande figure en la personne de Serge Nubret. La « panthère noire » comme il fut surnommé, vient en effet de s’éteindre, après un long coma, à la maison de retraite La Peupleraie à Pierrefitte-sur-Seine, le 19 avril 2011.

Compétiteur hors pair à la plastique sculpturale, d’aucun le considèrent comme un des plus beaux culturistes du monde[1], Serge Nubret fut le premier et surtout le seul bodybuilder français à atteindre un tel niveau dans le circuit du culturisme mondial. Non content d’accéder durant quatre années consécutives à la compétition reine de Mr Olympia, de 1972 à 1975, il parvint à se hisser, lors de ces concours, aux places de 3ème et 2ème face aux plus grands tels que Lou Ferrigno, Franco Columbo et Arnold Schwarzenegger. Jusqu’à présent, pas un seul bodybuilder français n’est encore parvenu à faire mieux.

Serge Nubret faisait partie de l’ancienne école du culturisme, cette école qu’il ne cessera de regretter et qui, contrairement au bodybuilding actuel toujours en quête d’hypertrophie démesurée, faisait la part belle à la ligne et aux proportions harmonieuses. Nubret considérait d’ailleurs la musculation comme un art, une culture du corps (d’où sa préférence pour les termes de culture-physique ou de culturisme).

Sa disparition est l’occasion pour moi de revenir sur la vie et le parcours de cet homme exceptionnel qui fut à la fois, athlète, dirigeant sportif, homme d’affaires et acteur mais qui fut aussi considéré comme le « poil à gratter » du monde du muscle, celui qui ne cessa de défendre les intérêts des culturistes (certains diront, surtout les siens) allant jusqu’à braver, contre vents et marées, l’empire des frères Weider.

 

I – Une vie consacrée aux muscles

 

fotos serge nubret 200Serge Nubret est né à Anse-Bertrand, en Guadeloupe, le 6 octobre 1938. Issus d’une famille relativement aisée, son enfance passée avec ses frères et sœurs en pleine nature est heureuse. En 1950, il quitte son île pour s’installer en banlieue parisienne. Il prend très vite conscience de ses atouts physiques[2]. Sportif, il devient champion de France universitaire du lancer de poids à l’âge de 18 ans. Alors qu’il ne connait pas encore le monde de la musculation, il fait une rencontre fortuite qui le marquera particulièrement. En effet, il raconta plusieurs fois cette anecdote selon laquelle, lors d’un évènement sportif organisé à Joinville-le-Pont, il croisa la silhouette impressionnante d’un inconnu qui devait très certainement être un bodybuilder. Il avouait avoir été fasciné par la musculature du personnage et affirmait que cette vision devait, du moins inconsciemment, avoir influencé sa décision de faire de la musculation. Comme de nombreux adolescents à l’époque, Serge Nubret fut également inspiré par le physique du culturiste et comédien américain, devenu une légende, Steve Reeves. Quoi qu’il en soit, alors qu’il décide de retourner en Guadeloupe afin de fuir l’enrôlement pour la guerre d’Algérie en 1958, il s’inscrit dans une salle de musculation à Pointe-à-Pitre. Particulièrement motivé et voyant très vite que son corps, doté d’une génétique avantageuse, réagit bien aux entraînements, il est porté par l’orgueil impétueux de la jeunesse et déclare à qui veut l’entendre qu’il sera bientôt champion du monde. Ceux qui ricanèrent alors – et on peut les comprend – face au présomptueux apprenti culturiste, furent bien surpris quand ce dernier, deux mois seulement après avoir commencé à s’entraîner sérieusement, obtient le titre de Mr Guadeloupe  - qu’il conservera l’année suivante – et remporte celui d’« Homme le plus musclé du monde » lors du concours international IFBB à Montréal de 1960. Ce premier titre d’importance allait ouvrir la grande carrière de ce champion hors du commun. Carrière sportive évidemment, mais aussi une carrière, plus modeste certes, dans le cinéma. En effet, quelques mois après sa victoire canadienne et alors qu’il revient en France, Serge Nubret, qui n’a alors que 22 ans, est contacté par la société de production d’Alexandre Mnouchkine (père d’Ariane Mnouchkine) pour jouer un petit rôle dans Les Titans, péplum divertissant et premier film du réalisateur italien Duccio Tessari. La carrière cinématographique de Serge Nubret dura à peu près 20 ans, puisqu’il multiplia les rôles dans de nombreuses productions pour le cinéma et la télévision jusqu’au milieu des années 80 environ. Parmi elles on citera les plus réussies comme Un condé d’Yves Boisset en 1970, César et Rosalie, le sublime film de Claude Sautet, avec Romy Schneider et Yves Montand, en 1972, et Le professionnel de Georges Lautner avec Jean-Paul Belmondo, en 1981. En réalité, il faut bien le reconnaître, dans tous ces films, Serge Nubret ne fit que de timides apparitions et dû se contenter de seconds rôles, voire de rôles de figurant. Lui-même reconnaissait (peut-être par dépit et parce que, contrairement à Arnold Schwarzenegger son grand rival, il ne parvint pas à percer dans le 7ème art) qu’il n’avait jamais ambitionné une carrière de grand acteur et que le cinéma n’avait été qu’un moyen, une aide financière,  pour mieux vivre sa passion : le culturisme.

 

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Serge Nubret dans Les Titans, aux côtés de Giuliano Gemma


D’abord intéressé par l’architecture, Serge Nubret doit, face à la pression de son père comptable, qui voudrait que son fils prenne la relève à la direction de son entreprise, opter pour des études commerciales. Mais une fois le titre d’  « Homme le plus musclé du monde » en poche, le jeune athlète compte bien persévérer et se lancer dans  une carrière dans le culturisme. Bien que continuant ses études, il n’a qu’un souhait en tête : vivre de sa passion (ce qu’il appellera plus tard sa « raison d’être »). C’est le début d’un conflit ouvert avec son père, qui, que je sache, ne s’est jamais refermé.
A partir de 1962, le voilà propulsé dans une carrière de bodybuilder. Ses entraînements quotidiens s’enchaînent, tout comme s’enchaînent les innombrables victoires et trophées. Dans toute sa carrière, il ne participa qu’à 13 compétitions d’envergures, mais multiplia les shows et autres démonstrations organisées lors des grands rendez-vous du bodybuilding. Il occupa également à plusieurs reprises la fonction de juge de concours. En 1969, notamment, c’est lui qui, lors du concours Mr Univers à Londres, classe premier le jeune Arnold Schwarzenegger qu’il rencontre pour la première fois[3]. Ce dernier lui confie d’ailleurs qu’il fait partie de ses fans. Mais c’est surtout au cours des années 70 que la carrière de la « panthère noire » prend un essor considérable. Dès 1970, il cumule les casquettes, à la fois de dirigeant sportif et d’athlète puisqu’il est élu président de l’IFBB-France. Rappelons que l’IFBB était – et est encore – la fédération de bodybuilding la plus importante, créée de toute pièce par les frères Weider. Très vite, Serge Nubret grimpe les échelons et se fait élire président de l’IFBB-Europe, puis vice-président de l’IFBB-International aux côtés de Ben Weider, grand manitou du bodybuilding mondial. Notons que, pour en arriver là, Serge Nubret avoua lui-même avoir utilisé les mêmes manigances dont usaient habituellement les frères Weider.[4] Ceci peut paraître anecdotique mais ça a le mérite de nous éclairer sur sa personnalité et peut-être nous permettre de mieux comprendre l’affrontement qui l’opposa aux Weider pendant plus de 30 ans. En quelques années, donc, Serge Nubret parvient au sommet des instances dirigeantes du bodybuilding mondial dont il va découvrir très vite toutes les arcanes. Dans le même temps, il atteint également le sommet de la compétition puisqu’après avoir remporté le titre de Mr Europe (IFBB) en 1970, il participe une première fois, en 1972, à Mr Olympia où il termine 3ème derrière Arnold Schwarzenegger et Sergio Oliva. En 1973 et 1974, il réitère cet exploit en se classant 3ème à chaque fois. A ce moment là, Serge Nubret est au zénith de sa carrière. Il affiche un physique impressionnant. Il est alors le premier français à atteindre un tel niveau au plan international et pour beaucoup, notamment parmi la communauté noire et antillaise, il devient un modèle, voire une idole[5]. En 1975, la compétition de Mr Olympia se déroule à Pretoria, en Afrique du Sud. Selon Serge Nubret c’est en grande partie grâce à lui que ce pays très fermé où régnait l’Apartheid, accepta de rejoindre l’IFBB et d’accueillir le concours. Quelques scènes de Pumping Iron, le célèbre documentaire qui rendit Arnold Schwarzenegger si célèbre, fut tourné à ce moment là. On y voit d’ailleurs Serge Nubret à plusieurs reprises (sans compter les scènes qui, selon lui, furent coupées au montage). Mais c’est aussi lors de ce concours que se joua la tragédie entre Nubret et les frères Weider. Tragédie qui devait se conclure par une rupture brutale entre les trois hommes. Nous reviendrons plus tard sur les circonstances exactes de ces évènements. Au terme de ce Mr Olympia mouvementé, Serge Nubret remporte la 2ème place juste derrière Arnold Schwarzenegger et devant Lou Ferrigno. Suite à sa rupture avec les Weider et l’IFBB, dont il est exclu, il décide de créer sa propre fédération, la WABBA (World Amateur Bodybuilding Association)[6]. Il s’agit avant tout, même si l’intention n’est pas clairement affichée, de faire concurrence à l’IFBB de Ben Weider. Nubret préfère invoquer la volonté de donner vie à une fédération qui serve réellement les intérêts des athlètes[7]. Parallèlement à sa nouvelle fonction de dirigeant de fédération internationale, il continue à concourir en tant qu’athlète comme il le faisait au sein de l’IFBB. En 1976, il remporte d’ailleurs le titre de Mr Univers (NABBA), puis en 1977 celui de Mr World (WBBG). A l’âge de 43 ans, toujours au mieux de sa forme, il termine second de la compétition World Cup dans sa propre fédération la WABBA, et en 1983 il obtient le titre de Champion du Monde WABBA. Ce sera son dernier trophée puisqu’il abandonne la compétition définitivement en 1984 après une carrière longue de 25 ans. Cette retraite bien méritée ne l’empêche pas de continuer à s’entraîner sérieusement. On peut même affirmer qu’il est quasiment mort les haltères à la main puisqu’à l’âge de 70 ans il enchaînait encore les séries d’une manière déconcertante et arborait un physique à faire pâlir d’envie certains sportifs, de 50 ans ses cadets. Dans les années 80, une fois retiré du monde de la compétition, Serge Nubret se consacre exclusivement à ses fonctions de dirigeant au sein de la WABBA ainsi qu’à celle de propriétaire de salles de sport à Paris. Il ouvrira notamment le Nubret’s International Club, une des plus grandes salles d’Europe, située d’abord rue Rébéval dans le 19ème puis rue du Buisson Saint Louis dans le 10ème. C’est là qu’il entraîne de nombreux culturistes et en prépare certains à la compétition. C’est le cas notamment de Thierry Pastel, d’Edouard Kawak ou de Christian Gomba pour n’en citer que quelques uns[8]. Il prend bientôt peu à peu ses distances avec la WABBA qu’il accuse de devenir une entreprise purement commerciale et finit par la quitter non sans heurts puisqu’il intente un procès à ses nouveaux dirigeants en tant que dépositaire du nom de la fédération et de son logo.

A compter de ces années, il faut bien avouer que Serge Nubret tombe peu à peu dans l’oubli, ou du moins, ne parvient pas à revenir sur le devant de la scène. Ayant quitté la WABBA, il rejoint l’AFCPAS (Association Française de Culture Physique Athlétique et Sportive) à laquelle il restera affilié jusqu’à sa mort, mais qui ne bénéficie évidemment pas du même prestige que l’IFBB ou la WABBA. Durant les dernières années de sa vie il fréquente régulièrement le Rem Gym, une des dernières salles de musculation parisiennes à accueillir les vrais bodybuilders. Il s’y entraîne et y dispense leçons et conseils aux culturistes amateurs, toujours en quêtes de précieux renseignements. On le dit alors facile d’accès et patient avec tous ceux qui l’approchent. Patient et disponible il l’est également sur internet où il participe à de nombreux forums de musculation un peu partout dans le monde et où il répond presque quotidiennement aux internautes qui l’interrogent et n’hésitent pas quelques fois à mettre en doute son entraînement et son image d’athlète propre vis à vis du dopage[9].

 

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Toujours aussi musclé malgré son âge (source: Bodybuilding.com)

 

Père de 3 enfants issus de deux mariages – notamment avec Jacqueline Nubret, avocate et élue trois fois Miss Monde Bodybuilding – Serge Nubret est découvert dans le coma à son domicile en mars 2009. Conduit à l’Hôpital Lariboisière, il va demeurer dans cet état pendant de nombreux mois. Ayant repris connaissance, il se trouve dans un état végétatif, privé de la parole et ne reconnaissant presque personne. Il décède finalement le 19 avril 2011, lors de son séjour en maison de retraite. Les raisons de sa mort restent floues. Aux lendemains de son coma, ses enfants publièrent sur son site internet, récemment ouvert, le message suivant : « Pour le moment, le diagnostique est un coma hypoglycémique probablement dû à un dysfonctionnement de son pancréas ». Il n’empêche que le mystère demeure d’autant plus qu’il est alimenté par des rumeurs plus ou moins fondées faisant état d’un empoisonnement délibéré[10]. Ses enfants notamment sont mis en accusation par certains internautes. Une enquête judiciaire a d’ailleurs été ouverte pour faire toute la lumière sur cet évènement tragique.[11]

Ainsi fut l’exceptionnel destin de Serge Nubret, athlète noir parti de sa Guadeloupe natale pour conquérir le monde du bodybuilding. Son palmarès impressionnant, lui qui talonna Schwarzenegger à Mr Olympia et fut sacré 6 fois champion du monde, fut possible grâce à un physique digne des plus belles statues de Michel-Ange qu’il s’employa toute sa vie à modeler et à améliorer. Pour atteindre ce corps proche de la perfection, la « panthère noire » s’appuya sur un programme d’entraînement herculéen et une philosophie bien singulière...



[1] En 2000, le magazine canadien Musclemag classa Serge Nubret 7ème meilleur culturiste de tous les temps et dans le magazine Flex de juin/juillet 2006, il fut cité dans le top 20 des culturistes les plus esthétiques de tous les temps.

[2] Voici ce que déclare Serge Nubret dans son livre autobiographique Je suis… moi et Dieu :  « Je pus néanmoins mesurer assez rapidement que, contrairement aux apparences, mes 12 premières années d’ « apprentissage » à la Guadeloupe m’avaient plutôt bien préparé à endurer les bouleversements auxquels j’étais soudain confronté au quotidien. En effet, tous les jeux pratiqués là-bas m’avaient rendu particulièrement fort et robuste […] Je dominais en effet sans effort tous mes nouveaux camarades dès lors qu’il s’agissait d’exercer ses capacités physiques […] C’est à cette époque que j’ai pris conscience que je disposais de qualités physiques hors normes. »

[3] Arnold Schwarzenegger terminera finalement deuxième derrière Chet Yorton.

[4] « Pour obtenir les suffrages de la majorité des votants, je m’en remis à la fois à ma réputation d’athlète et aux méthodes « Weider ». Après tout, elles avaient fait leurs preuves et la fin justifiait les moyens. Je nouais ainsi des contacts avec les présidents des fédérations nationales, leur proposant d’effectuer une démonstration, évidemment à titre gratuit, à l‘occasion  de leur Championnat national. Et c’est ainsi qu’à Vérone, en 1974, j’accédai à la fonction de vice-président de l’IFBB. » in Serge Nubret, Je suis… moi et Dieu, p.85

[5] « Le fait que Serge Nubret, consacré Monsieur Univers aux USA, ait pu tourner dans les ‘‘films d’Hercule’’, n’est pas étranger à cet engouement pour le culturisme. L’impact du cinéma et de cet acteur noir, d’origine antillaise, ont marqué toute une génération. » in Louis Boutrin, Le sport à la Martinique, p.229

[6] Il avait tenté auparavant de mettre sur pied une Fédération des Indépendants qui capota faute de soutien et d’argent.

[7] « Il fallait que j’imprime ma marque, mon empreinte sur ce sport, mon sport. Non par stupide vanité mais parce que je me rendais compte tous les jours qu’il y avait beaucoup à faire pour que la culture physique accède à la place qui lui revenait et que les athlètes y soient traités autrement que comme des pions que l’on manipule. » in Serge Nubret, Je suis… moi et Dieu, p.83

[8] Thierry Pastel fut Champion du Monde WABBA en 1984 et Champion du Monde Pro WABBA en 1987. Il termina 5ème lors de l’Arnold Classic 1991 et 8ème au Mr Olympia de la même année. Edouard Kawak termina 8ème à Mr olympia en 1987. Christian Gomba prit la 3ème place au Mr Univers NABBA de 1981 et finit également 3ème l’année suivante au Championnat du Monde WABBA. Dans le film de Luc Besson, Subway, il tient le rôle de Gros Bill, un bodybuilder renfrogné.

[9] La lecture des interventions de Serge Nubret sur les différents forums montre combien il semblait en manque de notoriété à la fin de sa vie. C’était peut-être un peu pour lui un moyen de se faire re(connaître) de la jeune génération, lui qui n’avait plus vraiment d’actualité. Internet et ses forums furent notamment utilisés comme un tremplin inespéré pour faire de la publicité pour son livre autobiographique. Quelques mois avant de tomber dans le coma il tenta même de créer une compétition portant son nom et destinée à élire un bodybuilder par internet interposé. Une sorte de cyber-Mr Olympia en quelque sorte.

[10] Message de Shawn Ray posté sur le forum de Muscular Development le 6 mai 2009.

[11] Kevin Grech, “Mystery surrounds the death of bodybuilding legend and actor Serge Nubret”, in Maltatoday.com.mt, 25 avril 2011.

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